L’esthétique occidentale est dominée par le paradigme de l’imitation, issu de Platon et d’Aristote, souvent réduit à une interprétation stéréotypée. Mais loin d’être une simple copie, l’oeuvre d’art transforme son référent, par la création visuelle et le verbe langagier, en lui conférant une profondeur nouvelle touchant à l’invisible.
Comment repenser alors l’expérience esthétique des arts ? C’est à un nouveau paradigme qu’appelle ici Jean-Jacques Wunenburger : celui de « Pâques esthétiques », propre à la théologie chrétienne de la transfiguration, pour laquelle l’image visible du Dieu doit mourir à soi pour renaître dans un espace visionnaire, celui du corps de gloire.
Libéré de sa source religieuse, ce paradigme permet de mieux comprendre le statut des images comme des tentatives de transfigurer le visible. L’expérience esthétique reposerait donc sur des oeuvres considérées comme des réalités imaginales et le regard porté sur elles relèverait d’une conversion du regard, non réductible à une
reconnaissance perceptive.
Ainsi « l’esthétique de la transfiguration » propose une autre lecture de l’expérience esthétique mais prétend aussi éclairer par son effacement la crise actuelle de l’art.
Professeur de philosophie à l’université Jean-Moulin Lyon 3, Jean-Jacques Wunenburger préside l’association Gaston Bachelard et le Centre de recherches internationales sur l’imaginaire. Il a consacré de nombreux ouvrages à l’image, à l’imagination et à l’imaginaire dans leurs relations avec la rationalité. Entre autres : La vie des images (2002) ; Philosophie des images (1997), L’imaginaire (2016).
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