« Ce séminaire part d’un lieu commun : l’expression “changer le monde”, qui a largement enchanté les deux siècles précédents. Dans nos contrées dites “occidentales”, riches mais en crise, “démocratiques” mais rongées par le virus identitaire, l’expression “changer le monde” a un double statut. D’un côté, pour autant qu’elle a désigné un vouloir révolutionnaire, elle est tenue pour le nom périmé d’une utopie criminelle. D’un autre côté cependant, on nous enseigne qu’à tout instant le monde change à une vitesse extraordinaire, que nous sommes toujours en retard sur ce changement, et que d’incessantes “réformes” doivent plier les sujets à y consentir. On ne peut qu’en conclure que, dans cette affaire, “changer” est un verbe équivoque. Si tout change, y compris les acteurs, témoins et victimes dudit changement, rien ne peut attester le changement. Si en revanche il existe un repère fixe, un invariant relatif d’où prendre mesure du changement comme changement réel, quel est le statut de cet invariant ? Il faut reprendre entièrement la question du changement réel au-delà de l’antinomie rupture totale ou continuité d’une incessante innovation. Le problème est celui du lieu subjectif, d’où l’on peut concevoir, dans une subtile dynamique de l’immanence et du retrait, ce qu’est un changement orienté. » A. B.
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