Jusqu’ici, c’est principalement outre-Manche et outre-Atlantique que des philosophes se sont efforcés d’élaborer la nébuleuse trans/posthumaniste en un discours cohérent argumenté prenant en charge des questions indispensables à notre temps et fécond pour l’avenir. Le transhumanisme n’est pas la pensée d’un seul. Ses idées s’expriment à partir de nombreux champs disciplinaires : médecins, ingénieurs, entrepreneurs, biologistes, philosophes, théologiens, informaticiens, roboticiens, etc. En même temps, il ouvre la voie pour une approche intégrée, unifiée, d’idées autrement éparses et morcelées : de la métaphysique à l’éthique et au politique en passant par des analyses relatives à l’épistémologie, à l’anthropologie, à l’esthétique, aux philosophies de la technique, du langage et de la religion. Est propre au transhumanisme l’accentuation des technologies matérielles qui invitent à repenser l’anthropologie philosophique sous l’angle de la technique. Prendre au sérieux le transhumanisme invite à se méfier également de sa rhétorique technolâtre, prophétique ou commerciale, et des procès faciles et répétés qui lui sont adressés. Loin du court-termisme idéologique et utopiste, le trans/posthumanisme renvoie à la temporalité de l’Évolution ainsi qu’à celle de la science elle-même, empirique, laborieuse, provisoire, invitant à un transhumanisme prudent, patient, persévérant et modeste.
Membre de l’Académie Royale de Belgique et de l’Institut International de Philosophie, G. Hottois est professeur émérite de l’Université Libre de Bruxelles.
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