L’indépendance d’esprit de l’auteur de 1984 fascine parce qu’elle n’est pas innée mais acquise. Gagnée de haute lutte. Avant de devenir une référence humaniste, Orwell a dû en permanence lutter. Lutter pour se
défaire de sa méfiance envers les pauvres, surmonter son allergie aux peuples « de couleur », faire taire ses préventions envers les juifs, dominer sa maladresse avec les femmes, combattre son homophobie.
Frère d’armes de l’écrivain-pamphlétaire, Hitchens nous donne ainsi à lire le portrait d’un visionnaire dont le génie créateur lui a fait combattre avec la même lucidité l’impérialisme (découvert lorsqu’il était soldat en Birmanie), le fascisme et le stalinisme, auxquels il fut directement confronté pendant la guerre d’Espagne. Toute sa vie Orwell s’oppose à ces versions d’un monde totalitaire qui servira de modèle au cauchemar de 1984.
Hitchens, lui-même en révolte contre toutes les hypocrisies de notre temps, est d’autant plus à l’aise pour saisir la pertinence de la pensée d’un homme en avance sur son époque : du politiquement correct au risque nucléaire, des crispations identitaires à l’utopie européenne, de l’essoufflement de la démocratie aux pandémies d’une mondialisation qu’on imaginait heureuse mais dont les GAFA, enfants naturels de « Big Brother », révèlent les pièges.
George Orwell est tout entier dans son œuvre. Sa vie est son œuvre et son œuvre est sa vie. Hitchens l’a compris. C’est ce qui fait le prix de cette somptueuse plongée dans les arcanes de la création.
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