Le Pommier - Avril 2021
Dans cet essai provocateur de 1978, pierre angulaire de la littérature féministe et de l’écoféminisme, traduit pour la première fois en français, Susan Griffin explore une représentation traditionnelle qui a cours depuis l’Antiquité : la femme serait du côté de la nature ; l’homme du côté de la culture. Mais ce postulat essentialiste, elle le pousse jusqu’à l’absurde pour mieux en montrer le ridicule. Si un lien particulier existe entre la femme et la nature, c’est bien plutôt celui de l’oppression dont elles sont toutes deux l’objet. Usant de l’esthétique débridée du collage, portée par le souffle d’une écriture unique et qui se transforme presque en expérience physique, Susan Griffin dévoile non seulement comment, depuis la division fatidique entre l’âme et la matière chez Platon, la philosophie et la religion patriarcales ont, par le biais du langage et de la science, assis leur pouvoir sur la femme et la nature, mais aussi combien est destructrice l’impulsion qui pousse l’homme à vouloir se séparer du monde auquel il appartient.
Polyphonie virtuose, patchwork entretissé de mille fragments, mêlant des sources allant du traité gynécologique au manuel de sylviculture en passant par les Écritures, des extraits de biographies et des essais scientifiques, ce livre est un texte dense et puissant, un poème en prose vibrant, un appel éloquent à réparer, à réunir ce qui a été séparé.
Susan Griffin est poète et philosophe. Elle est notamment l’autrice de La Pornographie et le Silence (1981) et de Une chorale de pierres (1992, finaliste du prix Pulitzer de l’essai).
Traduction par Margot Lauwers.
Préface par Jeanne Burgart Goutal, agrégée de philosophie, autrice de Être écoféministe. Théories et pratiques (L’Échappée, 2020) et contributrice du Dictionnaire des féminismes (PUF, 2017).
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