Allia - Janvier 2021
“Héraclite n’a pas indiqué ce que nous devons faire pour nous en rendre compte, mais il l’a certainement su : arrêter en nous le langage. C’est un acte simple, que nous accomplissons spontanément tous les jours pour réfléchir, pour imaginer, nous souvenir, écouter, ressentir ou nous reposer un instant. Nous pouvons aussi l’accomplir consciemment. En suspendant le langage, nous suspendons le monde qu’il produit en nous.”
Dans cet essai, Héraclite apparaît sous un jour nouveau. Depuis la Grèce classique, il a été considéré comme un philosophe de la nature, mais il est un penseur du sujet. Jean François Billeter le montre en retraduisant et en commentant les propos qui lui sont attribués et fait apparaître une connaissance du sujet humain qui est à la fois, par sa profondeur et son acuité, intemporelle et d’une extraordinaire actualité.
Dans un essai qui paraît parallèlement chez le même éditeur, Court Traité du langage et des choses, il présente une traduction nouvelle d’un texte chinois ancien qui nous a été transmis dans le chapitre 2 du Tchouang-tseu et qui contient une vision du sujet qui coïncide, quant au fond, avec celle d’Héraclite. Un intérêt supplémentaire de ce rapprochement tient au fait que l’une et l’autre sont restées incomprises jusqu’à ce jour.
Il n’est ni langages, ni discours, ni mondes dont nous ne puissions nous libérer pour nous entendre, ou pour rendre moins meurtrières les guerres fratricides auxquelles nous sommes voués en tant qu’êtres de langage.
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