L’anthropologie britannique de ces deux dernières décennies a été marquée par une attention renouvelée aux considérations éthiques selon lesquelles les individus se façonnent comme de dignes représentants de leur société ou de leur statut. Comment le bien – le bonheur, la bonne conduite – se définit-il d’un collectif à l’autre, selon les classes, les genres ou les générations, et à quelles pratiques de subjectivation cela donne-t-il lieu ? Que se passe-t-il pourtant lorsqu’on prend en compte le versant négatif des comportements éthiques, c’est-à-dire les conceptions du mal, de l’injustice et de la déviance qui figurent en toile de fond des injonctions éthiques ? Que se passe-t-il surtout lorsque les acteurs d’une situation sociale prennent conscience que leur position éthique est relative, que leurs jugements moraux sont contingents et que leur bonne moralité pourrait, selon une perspective légèrement différente, se changer soudain en de mauvaises mœurs ? Ces questions sont au centre de ce numéro double, intégralement anglophone, qui offre un point de vue inédit sur l’actualité britannique de la recherche en anthropologie sociale. En s’appuyant sur une ethnographie riche et variée, auprès de journalistes indépendants ukrainiens à la veille de la guerre avec la Russie (Taras Fedirko), au cœur des quartiers résidentiels de la classe moyenne protestante au Zimbabwe (Leanne Williams Green), parmi les Asmat de Papouasie indonésienne (Tom Powell Davies), ou à travers le troc (Olivia Angé) et la dette informelle (Corinna Howland) dans les Andes, les contributions de ce numéro ouvrent une réflexion théorique féconde sur les méthodes et les écueils de l’anthropologie de l’éthique et de la morale, que prolongent une postface de Marilyn Strathern et un commentaire en français de Didier Fassin.
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