Avant d’être admirés dans les musées, les tableaux religieux étaient appréciés au sein des espaces sacrés qui les accueillaient : églises, chapelles et oratoires où ils pouvaient constituer, entre autres usages, des supports de méditation et de contemplation.
Méditer au moyen d’une image, pratiquer ce qui était désigné comme l’oraison (orare : prier), obligeait alors à associer une série d’espaces et d’images : l’espace fictif que les peintres produisent sur la surface de leurs toiles ; l’espace réel tridimensionnel et le milieu ambiant où elles se présentent ; l’espace intérieur du Sujet où se forment les images mentales issues de la perception sensorielle ; l’espace surnaturel céleste où les êtres auxquels le dévot s’adresse sont censés se tenir. L’articulation en un continuum de ces espaces peuplés d’images de différents statuts forme ce que nous désignons comme l’espace imaginal. Son élaboration et sa traversée lors de l’activité méditative sont au service d’une forme de subjectivation : la transformation ou la « conformation » de Soi par identification, sans cesse inachevée et relancée, à un Autre qui est le Christ.
Notre étude, à la croisée de l’histoire de l’art et de l’histoire et de la littérature spirituelle, porte sur l’espace imaginal ainsi constitué et sur le processus de subjectivation qui s’y actualise. Elle prend comme cas d’étude l’exceptionnelle Chapelle Dorée de l’église parisienne de Saint-Gervais-Saint-Protais qui a conservé l’essentiel de son décor, peint par Claude Vignon et Jean de Saint-Igny vers 1630.
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