dimanche 31 octobre 2010

Le (dé)montage de la fiction : la révélation moderne de Mallarmé

Patrick Theriault

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Paru le : 26/10/2010 - Editeur : Honoré Champion – Prix : 65 €

Le texte de Mallarmé se place sous le signe d’un paradoxe au moins apparent : il se plie et se déplie comme le voile d’une révélation qui engage tout à la fois une vérité de portée universelle et un mode d’opération à caractère initiatique.
Ce qu’il divulgue, plus ou moins obscurément, c’est déjà le primat du Langage ; ce qu’il annonce, plus ou moins prophétiquement, c’est déjà l’ordre de la Loi. Sous le nom de Fiction, Mallarmé aura désigné beaucoup plus que l’espace d’intransitivité où les mots se réfléchissent eux-mêmes : c’est l’économie de la jouissance qu’il aura, sinon thématisée par voie démonstrative, du moins suggérée de manière poétique.
Toute son entreprise littéraire, qui est aussi bien critique qu’esthétique, donne à penser cette économie de la jouissance : elle invite le lecteur à reconnaître, ou à cesser de méconnaître, ce qui s’inscrit au creux fantasmatique du langage et de la réalité sociale, c’est-à-dire le manque. En enregistrant les traces les plus signifiantes de ce manque, jusqu’en des lieux de discours tenus pour marginaux, comme Les Dieux antiques, le présent essai propose une relecture originale de l’ensemble de l’oeuvre et du personnage de Mallarmé.

Puissances du temps - Versions de Bergson

David Lapoujade

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Sortie : novembre 2010 – Editions de Minuit – Coll. “Paradoxe” – Prix : 16 €

Tout part d’une première question adressée à Bergson : comment se fait-il que dans sa conception de la durée, il soit si peu question des affects qui pourtant nous donnent accès au temps : l’attente, le regret, le deuil, la mélancolie ? Comment expliquer que le temps ne soit jamais évoqué dans ses aspects les plus destructeurs ? Et pourquoi nous invite-t-il toujours à épouser l’écoulement de la durée ? Est-ce justement pour ignorer ces aspects ? Mais il y a une deuxième question, inverse de la première, qui peut aussi lui être adressée : si, comme l’affirme Bergson, la durée est synonyme de mémoire, comment peut-on penser un authentique sens de l’avenir ? La liberté peut-elle être autre chose que la reprise de tout notre passé ? Un Bergson mélancolique ? Ce livre est une réponse du bergsonisme à ces questions.

vendredi 29 octobre 2010

Vitesses limites

Alain Fleischer (dir.)

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Paru le 28 octobre 2010 – Editions du Seuil – Coll. Le genre humain – Prix : 15 €

Alain Fleischer incite ici des auteurs venus d’horizons divers (philosophes, scientifiques, spécialistes de l’information, de la communication, des sciences politiques ou du cinéma) à nous livrer leurs réflexions sur la vitesse.

On connaît l’importance de la vitesse dans les technologies contemporaines, par exemple via les réseaux à haut-débit et jusqu’à cette notion de temps réel, une réalité du temps qui signifie l’immédiateté, l’instantanéité, la synchronie généralisée, en dépit des distances d’une part, mais aussi des différences de nature, entre les interactants, avec pour limites, à ce partage d’un même temps, la vitesse de la lumière ou celle de l’électricité, quelle que soit la puissance de calcul. Ce temps réel dans le transfert des données trouverait son idéal dans le transport instantané des corps vivants par téléportation ? un des plus vieux mythes de l’humanité traduit aujourd’hui en hypothèses techniques.

Auteurs : Adrian Bejan, Nicole Brenez, Alain Fleischer, Jean-Marc Lévy-Leblond, Emmanuel Mahé, Catherine Malabou, Christian Miller, Hartmut Rosa, Bernard Stiegler.

mercredi 27 octobre 2010

Eloge de la gentillesse

Emmanuel Jaffelin

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Sortie prévue le : 28/10/2010 - Editeur : Bourin – Prix : 22 €

Méprisée par l’élite et les intellectuels, la gentillesse est aujourd’hui reléguée au rang des petites vertus. Son histoire est celle d’un discrédit : née dans la noblesse romaine, dénigrée dans le christianisme, réhabilitée à la Renaissance, elle s’étiole comme une fleur fanée dans la démocratie marchande.

Emmanuel Jaffelin démonte les rouages de cette histoire contrariée et montre que la gentillesse est une vertu postmoderne. Entre sagesse et sainteté, elle offre aux hommes une morale praticable au quotidien et fondatrice d’un nouveau rapport à l’autre. Vertu caressante, véritable libido voluptatis, la gentillesse forge une morale pour notre temps, à portée de main, dont les petits gestes déploient de grands effets et préfigurent l’avènement d’un nouveau gentilhomme.

Esthétique de la vie ordinaire

Barbara Formis

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Paru le : 27/10/2010 - Editeur : PUF – Collection  : Lignes d'art – 23 €

Cet ouvrage traite du rapport entre l’art et la vie à l’âge contemporain.
D’esprit philosophique, il s’interroge sur la place de l’ordinaire dans l’art au travers de l’étude de différentes pratiques artistiques : le ready-made duchampien, les happenings, la danse postmoderne, le mouvement Fluxus. Avec une ouverture sur des exemples précurseurs, la peinture hollandaise et le collage notamment, cet ouvrage cherche à déceler les qualités communes entre l’art et la vie. Sa thèse est ainsi opposée à celle de la « différence esthétique » (Arthur Danto) ou du « nominalisme » (Thierry De Duve).
Il puise source dans les conceptions pragmatistes (John Dewey et Richard Shusterman), sans oublier l’apport proprement somatique et gestuel de l’expérience esthétique.

samedi 23 octobre 2010

L'écriture du réel - Pour une philosophie du sujet

Gérald Moralès

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Paru le : 21/10/2010 – Editeur : Cerf – Collection : La nuit surveillée – Prix : 21 €

La préoccupation de l'auteur est ici de démontrer qu'il est possible de conceptualiser une écriture du réel qui ne doit rien à ce que l'on entend communément par « réalité ». Si la réalité se définit comme « ce qui est », le réel, lui, est hors monde, avant l'émergence du signifiant et du langage.
Les études des œuvres de Pierre Guyotat et de Bernard Réquichot soutiennent qu'une écriture est possible sans céder à une signification immédiate. Elle s'origine dans le corps et se fabrique à partir d'un impensé dont la coloration est l'angoisse. Ce n'est donc pas un hasard si un rapport s'établit entre le trait de la lettre et la consistance d'un sujet. Deux extrêmes fondent ce rapport : les premiers signes écrits des grottes préhistoriques et la production esthétique rencontrée dans la clinique de la psychose.
De tout cela, il ressort une théorie du sujet qui doit plus à une ontologie de l'accident qu'à une permanence de l'être.

jeudi 21 octobre 2010

De la couleur

Claude Romano

9782350510576FS

Paru le : 17/09/2010 – Editeur : La Transparence – Collection : Philosophie – Prix : 20 €

Le thème de la couleur pourrait sembler au premier abord secondaire, peu philosophique, et surtout réservé à des sciences telles que la physique ou l'optique.
En réalité, la question de la couleur traverse toute l'histoire de la philosophie : de Platon, avec sa théorie des " couleurs pures dans le Phédon, à Wittgenstein et ce qu'il nomme la " grammaire des couleurs ", en passant par Descartes, Locke, Newton, Goethe et Schopenhauer. Tout en présentant et en discutant certaines de ces doctrines, l'auteur s'efforce de frayer une voie originale en montrant que le problème de la couleur ne relève pas seulement d'une théorie de la connaissance mais met en jeu notre rapport vivant au monde en totalité, à la fois perceptif, affectif et esthétique.
Conformément à ce projet, le présent cours est rythmé par trois ordres de questionnement : Les couleurs sont-elles objectives ou bien dépendent-elles de la subjectivité ? Autrement clic, le phénomène des couleurs n'est-il pas une illusion - illusion la plus universellement partagée ? Cézanne soutient que les couleurs entretiennent dans la nature des rapports nécessaires qui ne relèveraient ni de la " logique du cerveau " ni du seul langage : " il y a une logique colorée Contre cette conception d'un logos du monde sensible (Merleau-Ponty), Wittgenstein développe une "grammaire des couleurs".
Enfin, ces réflexions aboutissent au problème (crucial en peinture) de l'harmonie et de la disharmonie des couleurs. Qu'apporte une théorie des couleurs à l'analyse des oeuvres d'art ?

dimanche 17 octobre 2010

Figures de la dialectique. Histoire et perspectives contemporaines

Jean-Michel Counet (éd.)

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Peeters, « Bibliothèque Philosophique de Louvain » – 2010 -

La dialectique est une des notions les plus récurrentes de la tradition philosophique, que les différents siècles invoquent, soit pour s’en réclamer, soit pour s’en distancier. Chez Platon, elle conquiert ses lettres de noblesse en étant promue au statut de science suprême, mais chez Aristote, elle redevient ce qu’elle était avant la République, un art du dialogue, de la découverte à tâtons de la vérité, une méthode de raisonnement sur des prémisses simplement probables, qui fraie la voie à la saisie de la vérité, qui défend les principes du savoir contre les objections possibles mais qui ne peut prétendre au statut apodictique de la science. Ce différend originaire sur le statut et la portée va se diffracter au cours de l’histoire en une multiplicité impressionnante de figures qui sont autant de sources d’inspiration ou de repoussoirs pour les productions philosophiques ultérieures.
Mais par delà les différences et les oppositions dans la conception de la dialectique, n’y a-t-il pas moyen de dégager des lignes de convergence, des caractéristiques communes?
C’est le pari qu’ont tenté les participants d’un colloque tenu à Louvain-la-Neuve en 2007, consacré à la dialectique. Le présent volume reprend une série de contributions qui y ont été présentées et discutées. Il couvre les différentes périodes de l’histoire de la philosophie, depuis Platon jusqu’au XXe siècle, et aborde la question dans des aires philosophiques variées.

L'impuissance de Dieu

Revue philosophique 2010 tome 135 - n° 3

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Parution : septembre 2010 – PUF – 21 €

ARTICLES

Gwenaëlle AUBRY.— L’impuissance de Dieu (présentation)

Daniel DE SMET.— L’impuissance de Dieu : un débat récurrent en théologie musulmane

Hans-Christof ASKANI.— L’impuissance de Dieu : une solution théologique

Orietta OMBROSI.-- La défaite de Dieu. Le pianissimo du Dieu biblique face à la catastrophe selon André Neher

Jean Christophe GODDARD.-- Absence de Dieu et anthropologie de la peur chez Georges Bataille

Saverio ANSALDI.— Biopolitique, état d’exception, puissance. Notes sur une politique à venir (autour de Giorgio Agamben)

ANALYSES ET COMPTES RENDUS (XXe siècle)

par

B. AMBROISE, J. H. BARTHELEMY, E. BLONDEL, A. BOYER, G. BRYKMAN,

G. CHAPOUTHIER, S. CHAUVIER, H.DILBERMAN, P. ENGEL, J.-M. GABAUDE,

G.C. KOUMAKIS, L. JERPHAGNON, A. PANERO, P.-J. RENAUDIE,

J.-P. RICHARD, A. STANGUENNEC, R. TIRVAUDEY, P. VERDEAU

OUVRAGES DEPOSES AU BUREAU DE LA REVUE (janvier - avril 201o)

RESUMES – ABSTRACTS

samedi 16 octobre 2010

Dire la vérité au pouvoir : les intellectuels en question

Gérard Noiriel (Nouvelle édition revue et actualisée)

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Paru le 15/10/2010 – Editeur : Agone – Collection : Eléments – Prix : 12 €

Les réformes de la IIIe République provoquent la séparation du savant et du politique, créant un « vide » dans l’espace public que les « intellectuels » vont chercher à occuper. Le terme s’impose au moment de l’affaire Dreyfus pour désigner l’ensemble hétéroclite des universitaires, politiques et journalistes qui défendent une définition progressiste de la République. Ils énoncent ainsi la fonction qui restera celle de l’intellectuel tout au long du XXe siècle : dire la vérité au pouvoir au nom des opprimés, mais sans avoir été mandatés par quiconque pour le faire.

Quelle est la mission politique de ceux qui font métier de savant ? La réponse de Gérard Noiriel prend la forme d’une longue enquête qui s’attache, entre autres, aux figures de Charles Péguy, Paul Nizan, Jean-Paul Sartre, jusqu’à celles de François Furet, Pierre Bourdieu et Jacques Rancière. Il s’agit avant tout de proposer une manière d’évaluer comment les intellectuels jouent leur partition dans le débat public.

Gérard Noiriel est directeur d’études à l’EHESS, membre du Comité de vigilance sur les usages de l’histoire (CVUH). Historien du monde ouvrier et de l’immigration, Gérard Noiriel intervient ici en « intellectuel dans la cité », il intervient ici en « intellectuel dans la cité ». Une première version de ce livre est parue en 2005 sous le titre Les Fils maudits de la République. L’avenir des intellectuels en France.

lundi 11 octobre 2010

Montaigne

Sous la direction de Pierre Magnard et Thierry Gontier

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Parution : août 2010 – Edition : Cerf - Collection « Les Cahiers d'Histoire de la Philosophie » – Prix : 37 €

« Un parler ouvert ouvre un autre parler et le tire hors, comme fait le vin et l'amour » (III, 1, p. 794). Un parler ouvert est un parler affranchi et non pas retenu par la crainte, inhibé par l'avarice du cœur, contrôlé par les conventions ; un parler affranchi est un parler qui affranchit. Montaigne nous interpelle, il nous provoque à la parole, non certes pour que nous ajoutions encore au « fourmillement » de commentaires académiques qui aujourd'hui finissent par étouffer son propos — « ce livre en a assez, il n'y a meshuy plus que dire » (III, 13, p. 1067) — mais pour que nous nous découvrions à l'épreuve des « Essais » et que nous nous exprimions, à la faveur de cette « entreglose ». On ne lit pas les « Essais », ce sont eux qui nous lisent et nous déchiffrent. Tel est le « suffisant lecteur » ; qu'il inventorie son âme au miroir de celle de Montaigne, comme Montaigne découvrait la sienne propre à travers ses auteurs favoris, et c'en est fait du « doctus cum libro » si chacun n'est savant que de soi-même. La véritable « suffisance » n'est pas l'autorité donnée par un savoir accumulé, mais cette fécondité acquise d'une ouverture à qui nous interpelle. Ainsi les « Essais », inachevés par essence, font leur jeu de cette mise en abyme de mille et une intériorités, qui se creusent en cet entretien infini. Le privilège de ceux qui aujourd'hui s'expriment ne saurait leur donner qu'un devoir, celui de ne se point départir d'une grande humilité.

Collaborations :  Jean Balsamo -  Ali Benmakhlouf -  Philippe Desan -  Emiliano Ferrari -  Marc Foglia -  Thierry Gontier -  Francis Goyet -  Pierre Magnard -  Suzel Mayer -  Thierry Ménissier -  Géralde Nakam -  Nicola Panichi -  Bernard Sève -  Jean-Louis Vieillard-Baro

dimanche 10 octobre 2010

Séductions du bourreau. Négation des victimes

Charlotte Lacoste

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Parution : octobre 2010 – Edition : PUF - ollection : intervention philosophique – Prix : 29 €

Comment devient-on un bourreau ? Comment expliquer que dans les périodes sombres de l’histoire, des hommes ordinaires se transforment en assassins — criminels de bureau ou tortionnaires de terrain ? Cette question, qui revient comme un leitmotiv dans la production littéraire et artistique contemporaine, y reçoit souvent la même réponse, en forme de syllogisme :
Tous les bourreaux sont des hommes ordinaires
Or les hommes ordinaires, c’est nous tous
Donc nous sommes tous des bourreaux.
On ne compte plus les auteurs qui, détournant la thèse de Hannah Arendt sur la banalité du mal ou celle de Stanley Milgram sur la soumission à l’autorité, exploitent le motif du jaillissement du monstre (que tout un chacun nourrirait en lui-même), dédouanant d’autant les vrais coupables (qui ont simplement eu la malchance de pouvoir donner libre cours à leur nature destructrice…).
C’est contre ce traitement dépolitisant de la question du crime de masse que s’élève l’auteur de cet essai, en montrant comment, au gré d’une inversion radicale des valeurs, le bourreau se trouve aujourd’hui érigé en modèle d’humanité.

Philosophie antique

Jean-François Pradeau (dir.)

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Parution : octobre 2010 – Editeur : PUF – Collection : Licence – Prix : 15 €

Quels sont les facteurs ayant favorisé l'émergence de la philosophie antique ? Pourquoi le platonisme a-t-il eu un poids philosophique et culturel majeur ? Dans quelle mesure les principes de la philosophie antique sont-ils encore aujourd'hui pertinents et d'actualité ? Couvrant l'ensemble de l'histoire de la philosophie antique, depuis les œuvres des présocratiques jusqu'à l'Antiquité tardive, ce manuel offre une présentation des principaux philosophes et des principales écoles philosophiques anciennes.
Il consacre des chapitres plus conséquents aux grandes figures de la philosophie ancienne (Platon, Aristote, Plotin), et expose également l'héritage et la postérité de cette philosophie.

Spinoza et nous

Antonio Negri

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Parution : octobre 2010 – Editions Galilée – 26 €

Au début des années 1980, alors qu’il est incarcéré sous le coup d’accusations politiques extrêmement graves (dont, heureusement, il sera par la suite démontré la totale inanité), Antonio Negri, qui est à la fois un universitaire renommé et un militant d’extrême gauche, se met à travailler à un livre sur Spinoza. Ce texte, écrit dans des conditions difficiles, entre les quatre murs d’une cellule, ce sera L’Anomalie Sauvage, publié en France en 1982 avec une triple préface de Gilles Deleuze, de Pierre Macherey et d’Alexandre Matheron.
  Presque trente ans après, que reste-t-il de cette lecture « hérétique » de Spinoza dont Negri s’attache à enraciner la généalogie dans les événements de 1968 ? Quelles avancées ont-elles été produites dans le domaine des études spinoziennes ? Et comment faire dialoguer une fois encore l’Éthique avec notre propre actualité, alors même que les conditions qui sont les nôtres semblent au contraire nous éloigner toujours davantage de ce « court XXe siècle » dont 1968 semble avoir fait partie de droit ?
   À travers une série de textes prononcés sous la forme de conférences et d’interventions au cours de ces dernières années, Antonio Negri s’attache tout à la fois à dresser le bilan d’un certain spinozisme, à expliquer la fortune de la lignée interprétative dont il fait partie – et qui le place sous l’ombre portée d’autres figures de la recherche philosophique (Deleuze, Matheron) avec lesquelles il ne cesse de dialoguer à distance –, et à relancer certains points de débat à la hauteur de notre propre actualité.
  La notion d’ontologie, le dialogue de la pensée de Spinoza avec les sciences humaines et sociales, le rapport extrêmement complexe entre le spinozisme et la pensée de Heidegger, la définition de ce que peut être une philosophie de l’immanence, la possibilité d’une lecture politique de l’Éthique : autant de thèmes sur lesquels il s’agit de revenir afin de faire, une fois encore, valoir l’extraordinaire richesse de la pensée « anormale » et « sauvage » du philosophe d’Amsterdam.

Historiographie, littérature et philosophie : une longue et difficile conversation triangulaire

Revue A contrario n° 14 - 2010/2

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Editeur : Association a contrario

ÉDITORIAL
Historiographie, littérature et philosophie : une longue et difficile conversation triangulaire

DOSSIER

Claire Clivaz
Ricoeur, White et le retour de la question du réel
Lorenzo Bonoli
Histoire, littérature et philosophie : un travail d'innovation langagière
Christian Indermuhle
L'histoire comme « opération », « deuil » et « meurtre ». Notes sur Michel de Certeau et les « arts de mourir »
Antonin Wiser
L'expérience de la poésie. À propos de l'utopie de la littérature chez Adorno
Aurélien Métroz
Espaces phénoménologiques d'Équipée de Victor Segalen
Joanne Chassot
« Dusky Sally » La femme esclave entre histoire et fiction

VARIA

Bermal Karli
Ressources et stratégies notabiliaires à l'épreuve du temps. Grandeur et déclassement des notables Mîran du Kurdistan d'Irak
Yannick Rumpala
« Développement durable » : du récit d'un projet commun à une nouvelle forme de futurisme ?
Hadrien Buclin
Une autonomie délicate : Maurice Blanchot dans le champ littéraire de la Libération
COMPTES RENDUS
Lecture critique d'ouvrages récents

vendredi 8 octobre 2010

L'aventure temporelle

Claude Romano

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Parution : le 20 octobre 2010 – PUF, coll. Quadrige – 15 €

Cet ouvrage réunit trois essais qui possèdent des liens organiques puisqu’ils s’efforcent de répondre à une seule et unique question : que peut devenir la phénoménologie une fois abandonnée la perspective transcendantale ?
Les deux premiers essais interrogent la manière dont une phénoménologie de l’événement peut offrir une alternative aux approches traditionnelles de l’ego ou du temps. Le dernier s’attaque à la racine même du paradigme transcendantal pour en mettre au jour les présupposés et les critiquer. Il dessine les contours d’un holisme de l’expérience que l’auteur a présenté dans Au cœur de la raison, la phénoménologie (2010).

Le contrat de défiance

Michela Marzano

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Paru le 6 octobre 2010 – Grasset – 19 €

Sans confiance entre les individus, c’est toute notre société qui s’écroule.
La peur, la déraison, la faillite, la guerre, la paranoïa menacent. Pourtant : la judiciarisation des rapports contractuels, le désir de contrôle, la difficulté d'accepter notre part humaine de fragilité, sans laquelle la confiance n’existe pas, engendrent une société ou de la défiance.L’essai magistral de Michela Marzano offre une double perspective historique et philosophique : de la banqueroute de Law (1720) à la crise du prêt interbancaire (2007-2008), de l’égoïsme libéral au doute systématique des théories du complot, du don de soi dans l’amour à la multiplication des conflits juridiques dans la sphère privée (sait-on que 70 % des contentieux au TGI sont familiaux ?), de la crainte de tout perdre à l’éloge de la dépendance, Michela Marzano construit et déconstruit notre rapport à la confiance.
Le pilier de notre civilisation.

mercredi 6 octobre 2010

Dictionnaire des concepts nomades en Sciences Humaines

Olivier Christin (dir.)

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Sortie le : 07/10/2010 – Editeur : Métailié – Prix : 28 €

En partie inspiré d’entreprises antérieures, ce dictionnaire regroupe des textes consacrés à quelques-uns des termes ou des concepts à travers lesquels les sciences sociales et l’histoire pensent le monde social et se pensent elles-mêmes.
Mais à la différence des précédents ouvrages qui avaient choisi un champ bien précis (le vocabulaire des groupes sociaux, les concepts centraux des idéologies ou des formes constitutionnelles…) et surtout une seule aire linguistique, aucune discipline, aucune nation, aucune langue n’est privilégiée. Au contraire, les articles rassemblés ici et confiés à des spécialistes reconnus et de nationalités différentes décrivent la naissance, la carrière et la circulation, à travers les époques et les langues, de noms communs, d’expressions idiomatiques ou de termes apparemment techniques dont on porte au jour le caractère de constructions idéologiques et de produits de l’activité des acteurs sociaux.
On y rencontrera donc des vocables, des concepts, des expressions de nature très hétérogène et ne présentant pas les mêmes caractères de variabilité : certains relèvent de la description des groupes sociaux par eux-mêmes et par les sciences sociales (Avant-garde, Mouvement ouvrier, Junker…), d’autres des sciences de l’Etat et du savoir administratif (Administration, Moyenne, Droit musulman…), d’autres encore de constructions idéologiques particulières dont les conditions d’émergence et d’imposition de sens appellent à une mise en perspective (Occident, Laïcité, Absolutisme…).
L’essentiel n’est donc ni dans le choix des termes, ni dans la poursuite d’une forme d’encyclopédisme. Seules importent la démarche et l’exemplarité de l’analyse, tournées vers la dénaturalisation et l’historicisation des usages lexicaux qui font des exemples retenus autant de cas d’école, c’est-à-dire de cas exemplaires sur lesquels penser ce que les structures académiques, les usages linguistiques, les routines et les inconscients intellectuels imposent de manière subreptice.
Renonçant à tout but normatif, ce dictionnaire a l’ambition d’apporter sur quelques cas significatifs des exemples d’enquêtes méticuleuses, associant sémantique historique, comparatisme et objectivation critique des conditions sociologiques et historiques de possibilité et d’opérationnabilité des concepts et des usages lexicaux des sciences sociales, qui montrent que les rapports et les conflits de sens sont également des rapports et des conflits de force.
En mettant en avant la dimension « nomade » des concepts historiques, il s’agit ainsi de favoriser les bases d’un dialogue dans les sciences sociales européennes, conscient du poids des héritages socio-linguistiques.

La traversée des catastrophes

Pierre Zaoui

9782021029833

Sortie le : 07/10/2010 – Editeur : Seuil – Collection : l'ordre philosophique – Prix : 23 €

Comment survivre à la vie ? Car la vie finit mal, se passe mal aussi parfois, avec ruptures, chagrins, deuils, maladies, et mort.
Comment traverser ces catastrophes ? Avec l’aide de la foi, qui donne sens à ce qui n’est que souffrance ? Mais qu’en est-il de l’athée ? S’il veut être cohérent, il ne doit pas chercher à donner un sens à ces souffrances, à leur trouver une justification mais il ne peut faire fond que sur l’absurdité de la vie. Quelle fécondité trouver aux vies abîmées ? Comment penser la mort et la douleur ? Comme ce qui est étranger à la vie, comme ce qui ne la concerne pas.
Sans pour autant faire comme si cela n’était rien. Il faudrait donc tenir ensemble la réalité terrifiante du malheur et la valeur absolue de la vie, qui seule importe. Un essai de philosophie athée rigoureuse, qui pose la question essentielle : à quoi bon vivre ?

lundi 4 octobre 2010

Marxisme et philosophie du langage. Les problèmes fondamentaux de la méthode sociologique dans la science du langage

Valentin N. Voloshinov

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Parution : 2010 - Université de Lausanne / Lambert-Lucas (Limoges), coll. "Bilingues en sciences humaines", 49 €

Valentin Nikolaievich Voloshinov, né en 1895, entre à la Faculté de Droit de Saint-Pétersbourg en 1913, mais s'intéresse avant tout à la musique. En 1919, il se réfugie à Nevel où il fait la connaissance de Mikhaïl Bakhtine et en 1921, à Vitebsk où il s'occupe de la section artistique du département de l'Instruction publique, dont le directeur est Pavel Medvedev. Rentré à Saint-Pétersbourg en 1922, il étudie l'ethnologie et la linguistique. Entre 1925 et 1930, il publie la totalité de son oeuvre non musicale, consacrée à la psychanalyse, à la théorie de l'énoncé et aux “sciences de l'idéologie”. Il meurt de tuberculose en 1936.

Ressuscité du néant à cause de – ou malgré – la popularité de Bakhtine, V. N. Voloshinov n'est pas un prête-nom de ce dernier. Cette retraduction commentée de Marxisme et philosophie du langagerend l'ouvrage à son véritable auteur et le replace dans son contexte en en dégageant l'originalité. Apparaît un livre tout différent de celui auquel étaient habitués les lecteurs francophones avec sa définition psychosociologique du langage, sa théorie de l'idéologie comme savoir et son étrange marxisme enfin, pour lequel toute communication repose sur un enthymème et la langue est “sémiotiquement neutre”.

dimanche 3 octobre 2010

L'écriture du messianique : la philosophie secrète de Walter Benjamin

Marc Goldschmit

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Parution : octobre 2010 - Editeur : Hermann - Collection : Le Bel aujourd'hui – Prix : 34.00 €

Walter Benjamin est trop souvent perçu comme un critique littéraire un peu mystique, dilettante et éclectique. Rejeté par l’Université (on lui a interdit de soutenir sa géniale thèse sur L’Origine du drame baroque allemand), il est aujourd’hui tenu pour un penseur marginal ou maudit, mais il n’est jamais considéré comme un penseur de premier plan, à l’instar des philosophes de son époque, Husserl, Heidegger ou Wittgenstein.
Le travail de Marc Goldschmit, qui a publié en 2006 un livre sur la langue à venir et l’écriture hyperbolique chez Derrida (Léo Scheer), montre pour la première fois que Benjamin invente une voie philosophique nouvelle, celle d’une écriture du messianique. Il s’agit de faire comprendre comment Benjamin, à travers tous ses grands textes, passe d’une philosophie ouverte du langage à une philosophie secrète de l’écriture, qui avance le concept d’une graphie générale (dans la traduction, la photographie, la cinématographie, l’historiographie). Cette écriture générale combat le messianisme, c’est-à-dire les doctrines théologico-politiques du salut, et s’y arrache par une pensée du messianique, autrement dit, d’une attente sans atteinte.
Grâce au livre de Marc Goldschmit, la pensée de Benjamin est enfin libérée de tous les arraisonnements qui n’ont cessé de la reconduire au communisme, à la théologie, ou à un étrange mélange des deux. À partir d’une réinterprétation originale de "L’Origine du drame baroque allemand", cet ouvrage montre que la philosophie secrète de Benjamin est un révélateur oblique de la sombre histoire de notre temps, et nous apprend que si nous ne parvenons pas à libérer l’histoire de la théologie, ni la politique de la religion, l’avenir, de même que le passé, ressemblera à un champ de ruines où même les morts ne seront pas en sûreté.

Saint Paul face aux philosophes épicuriens et stoïciens

Michel Fattal

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Parution : juin 2010 – L’harmattan, “L"’ouverture philosophique”, 12,50 €

C'est à travers l'étude des enjeux philosophiques et religieux du discours de saint Paul à l'Aréopage d'Athènes, rapporté par saint Luc dans les Actes des Apôtres 17, 22-31, que le présent ouvrage se propose de mettre en évidence certaines des continuités et des ruptures qui unissent et séparent la rationalité chrétienne de la rationalité des philosophes épicuriens et stoïciens. Comment se fait-il que saint Paul, qui défend l'idée juive d'un Dieu unique et transcendant, puisse dialoguer avec des philosophes soutenant l'existence de dieux multiples, matériels et physiques ? Comment se fait-il que l'Apôtre Paul qui annonce, par ailleurs, l'événement du Christ mort sur la croix et ressuscité, soit en mesure d'établir des points de rencontres avec l'auditoire païen composé de philosophes épicuriens et stoïciens soutenant l'idée d'un dieu ou de dieux différents et même opposés au Dieu chrétien ? Qu'en est-il exactement de la vie et de la mort, du temps et du monde, de l'être et du souffle divin, de l'unité et de l'universalité du genre humain chez saint Paul et chez ses interlocuteurs ? Telles sont certaines des questions auxquelles le présent ouvrage se propose de répondre afin d'apprécier l'appropriation et la transformation de l'héritage antique par celui qui fut l'élève du rabbin Gamaliel et un fin connaisseur des Ecritures juives, et de mesurer ainsi l'originalité de son message.

Parution du n°20 de la revue PLASTIR

Transdisciplinary Review of Human Plasticity

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Ce vingtième numéro de PLASTIR s'ouvre sur un article original de Rachel Zahn qui interpelle notre conscience de l'expérience vécue en modélisant le processus énactif introduit par Francisco Varela et la cognition incarnée du sujet s'exprimant à la seconde personne.  Suivent un article de Claude Berniolles brossant la cohérence entre la vie et l'œuvre de Wittgenstein et la seconde partie du statut critique de la création plastique selon Daniel Danétis, abordant la mise en œuvre concrète de l'associativité, de la fluidité idéationelle et de la plasticité conceptuelle. Enfin, la philosophe Mariana Thiériot y poursuit sa relecture éclairée des "yogas sûtra" de Patanjali où l'on découvre vikhalpah, l'imaginaire connaissant du Sûtra IX, et comment l'appréhender. 

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