lundi 12 novembre 2018

Philosophie antique, n°18/octobre 2018 : L'athéisme antique

Septentrion - Octobre 2018


En un sens très facile à délimiter, l'athéisme antique est pourtant très difficile à distinguer des notions voisines que sont l'impiété et l’agnosticisme. Platon, dans les Lois, distingue trois formes d’impiété : la croyance que les dieux n’existent pas, celle qu’ils ne se préoccupent pas des hommes, celle qu’on peut les fléchir par des prières et des sacrifices. En un sens, il va de soi que l’athéisme correspond à la première forme d’impiété : c’est la croyance que les dieux n’existent pas. Cependant, au Ve s., dans le théâtre d’Euripide comme dans les écrits des sophistes, le constat que les dieux ne se préoccupent pas des hommes et que les hommes peuvent mal agir sans punition divine conduit à des critiques des dieux où il est difficile de départager impiété et athéisme. Parallèlement, très peu de penseurs dans l’Antiquité sont connus pour avoir explicitement soutenu que les dieux n’existent pas. Il est dès lors difficile de distinguer l’athéisme qui rejette l’existence des dieux de l’agnosticisme qui se contente de soutenir la difficulté d’être certain de leur existence ou de l’impiété qui doute de leur providence. Physiciens et sophistes, d’autre part, expliquent comment les hommes ont conçu la notion des dieux sans pour autant remettre en cause l’existence de ces derniers : l’explication par Prodicos de l’apparition de la religion, comme l’analyse démocritéenne des mécanismes de la croyance peuvent être soupçonnées d’athéisme mais n’être au contraire qu’une rationalisation de la religion. C’est sur toutes ces ambiguïtés que ce numéro entend faire la lumière.

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