L'Harmattan - Juin 2021
La dimension artistique du mémorial de Peter Eisenman a été peu considérée. À la croisée de l'architecture et de la sculpture, il convient d'étudier sa dimension urbaine et de relever son identité comme monument in situ. Les réflexions du philosophe Derrida sur le déconstructivisme architectural, notamment de Libeskind, sont capitales. Comme le dit Habermas, son défenseur majeur, le monument s'adresse aux descendants allemands des bourreaux. Cet ouvrage propose une lecture adornienne du mémorial qui dépend de l'art abstrait et de sa métexis aux ténèbres. Le mutisme du mémorial implique une réflexion sur les questions de l'infigurable et de l'ineffable concernant la Shoah. Si le sens de l'oeuvre semble être absent, cela peut s'expliquer par la déclaration de Ruth Klüger, selon laquelle l'extermination des Juifs par les nazis est un non-sens absolu. Le monument invite à ouvrir le champ de la mémoire et contient un avertissement : l'autodestruction de l'espèce humaine.
Éric Valentin a été maître de conférences HDR de l'Université de Picardie, attaché de recherche à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne et chargé de recherche au CNRS. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur l'art contemporain publiés par Gallimard, L'Harmattan et Les presses du réel.
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