Moustapha Safouan
Avril 2008 - Denoël – 16 €
On sait que depuis le début de l'histoire le pouvoir politique au Moyen-Orient a toujours tiré sa légitimité de la religion. Ce fait va de pair avec la sacralisation de la langue de l'écriture opposée à la langue vernaculaire et quotidienne et, par là, avec la subordination de l'écriture à des fins de prestige et d'exploitation. L'État islamique ne fait pas exception. Or, comme l'a démontré d'une façon irrécusable le sheikh Ali Abdelrazek, le fait est que ni le Coran ni les dires du Prophète ne contiennent la moindre indication concernant les principes de gouvernement. Par une imposture rarement égalée dans l'histoire politique de l'humanité, on s'est servi de l'ambiguïté de l'expression " successeur du Prophète " pour revendiquer le pouvoir absolu et pour mettre la religion sous la férule de l'Etat. Le résultat est un mode de gouvernement qui repose d'une façon intrinsèque, et non pas par accident, sur la corruption, la répression et la censure incarnée dans ladite politique de l'écriture. Tant que l'Etat réussit dans l'accomplissement de ses tâches, le régime théocratique paraît conforme à l'ordre des choses. Son échec ne donne pas lieu à une révolution mais à un terrorisme qui conteste sa légitimité même. De fait, les terroristes de notre époque appuient leur contestation sur un dogme meurtrier dont ils s'autorisent pour s'ériger en juges en matière de foi religieuse, s'octroyant ainsi un savoir que le Coran réserve expressément à Dieu. Ce livre sans compromis est un appel non seulement à l'usage du vernaculaire comme langue de culture mais encore, plus décisivement, à la libération de l'Islam du joug du pouvoir temporel. Ce faisant, il brosse un tableau saisissant de l'état actuel de la culture dans les pays arabes.
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