Jean Luc Nancy
Janvier 2011 - Éditions de la Phocide – 19 €
La ville n'a pas toujours été, elle ne sera pas toujours, elle n’est peut-être déjà plus. Si l’on songe qu’en même temps « la ville » est un motif (un concept peut-être, en tout cas un schème, une sorte de monogramme ou d’emblème) qui converge, confine et consonne avec rien de moins que le motif de la « civilisation » elle-même, on mesure l’enjeu de son existence désormais reconnue transitoire.
D’autre part, la ville par elle-même – la cité matérielle, l’urbs, la place forte devenue simplement place, lieu de connexion, de coagulation et de diffraction en même temps – joue un rôle dont aucune culture rurale n’offre l’équivalent ou le substitut. L’essence de la ville se montre très exactement en cela : un échangeur qui n’enveloppe pas ses propres destinations.
D’avoir trop regardé la ville à l’horizon comme le schème pur, le monogramme de la civilisation, nous en avons perdu la vue ou bien l’image est devenue obscure, confuse, brouillée, obstruée ou oblitérée. N’essayons plus de voir : écoutons les rumeurs inouïes de la ville incivile, au loin, tout près.
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