Les travaux réunis dans le présent volume visent à remettre en question – par le biais d’une méthode de lecture tendant à retrouver le noyau conceptuel de la position de Bayle derrière son enveloppe rhétorique – un certain nombre de lieux communs très répandus : Bayle adepte du dualisme cartésien et de l’occasiona isme malebranchiste ; Bayle héritier de la doctrine protestante des droits de la conscience ; Bayle sceptique et tenant d’un fidéisme calviniste irréprochable… Bayle fut sans doute « influencé » par le cartésianisme, par Malebranche et par les théologiens protestants. Il reste à savoir si cette influence donne lieu, en dernière analyse, à une pensée qui peut encore être définie comme cartésienne, malebranchiste ou protestante. Car Bayle renverse de manière irréversible les doctrines qu’il adopte : le malebranchisme se transmue sous sa main en une nouvelle forme d’athéisme rationaliste, alors qu’en développant la thèse des droits de la conscience errante, il aboutit à une vision intégralement laïque de la tolérance. Même son fidéisme, tout en exploitant des formules théologiques traditionnelles, s’écarte par son radicalisme de toutes les doctrines précédentes, jusqu’à se retourner paradoxalement contre la religion chrétienne. Cette nouvelle édition comporte également une bibliographie mise à jour des œuvres de Bayle et des travaux sur Bayle de 1900 à 2020, classés par ordre chronologique.
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