Ce numéro propose de « partir de soi » afin de penser les formes de domination patriarcale et ses théorisations. Le Grand angle porte sur les « épistémologies féministes situées » (aussi appelées « épistémologies du point de vue »), qui sont de plus en plus fréquemment mobilisées dans les espaces scientifiques et militants. Ses quatre articles soulignent l’intérêt de ces épistémologies pour penser et pour lutter, mais aussi les tensions qui les traversent. Il aborde ainsi le positionnement politique féministe lorsqu’il engage à dire « nous » : d’abord avec le féminisme radical des années 1960-70 aux États-Unis, qui doit prendre en considération la multiplicité des vécus des femmes (Léa Védie), ensuite dans le cas des mobilisations contre le féminicide, qui implique l’absence des victimes directes (Margot Giacinti).
Il montre également comment la théorie féministe, lorsqu’elle s’enracine dans les expériences des femmes, permet de décrire les déficits de sensations vécus par nombre d’entre elles et d’élaborer des pratiques thérapeutiques (Anaïs Choulet). Enfin, le dossier propose une typologie des « épistémologies du standpoint » qui montre la variété et la conflictualité de leurs interprétations (Delphine Frasch).
Ainsi, ce numéro de NQF offre au lectorat des repères pour penser en féministe à partir des expériences vécues.
Sommaire
Page 6 à 15 : Marie Mathieu, Vanina Mozziconacci, Lucile Ruault et Armelle Weil - Pour un usage fort des épistémologies féministes | Page 16 à 32 : Léa Védie - Une lutte à soi. La politique en première personne des féministes des années 1970 | Page 33 à 49 : Anaïs Choulet - Remédier au paradoxe de l’expérience corporelle au moyen d’une épistémologie du point de contact | Page 50 à 65 : Margot Giacinti - « Nous sommes le cri de celles qui n’en ont plus » : historiciser et penser le féminicide | Page 66 à 80 : Delphine Frasch - Les féminismes du standpoint sont-ils matérialistes ? | Page 82 à 97 : Marion Repetti et Jean-Pierre Tabin - Comment faire bénéficier les retraités des dividendes du patriarcat ? Débats scientifiques et solutions politiques (Suisse, 1946-1995) | Page 98 à 115 : Michèle Le Dœuff, Marie Mathieu, Vanina Mozziconacci, Lucile Ruault et Armelle Weil - Michèle Le Dœuff, une philosophe féminister. Cheveux courts, idées longues | Page 116 à 131 : Tanguy Grannis - Le patriarcat sans (le) pouvoir ? Les hommes et le féminisme après #MeToo | Page 132 à 135 : Constance Rimlinger - Caroline Goldblum : Françoise d’Eaubonne et l’écoféminisme | Page 136 à 140 : Mona Gérardin-Laverge - Recherches Féministes, Naïma Hamrouni et Diane Lamoureux (coord.), « Philosopher en féministes » | Page 141 à 144 : Sigolène Couchot-Schiex - Mona Chollet : Sorcières. La puissance invaincue des femmes | Page 145 à 148 : Axelle Cressens - GenERe (éd.) : Épistémologies du genre | Page 149 à 152 : Cécile Talbot - Recherches Féministes, Dominique Bourque et Chantal Maillé (coord.), « Intersectionnalités » | Page 153 à 156 : Marlyse Debergh - Cahiers du Genre, « La production de la santé sexuelle » | Page 157 à 160 : Geneviève Cresson - Marie Anderfuhren et Sophie Rodari (dir.) : Sans garantie de mixité | Page 162 à 167 : Clash et Soline Blanchard - Clash et la lutte contre le sexisme dans le monde médical : défendre le féminisme en milieu (in)hospitalier | Page 168 à 171 : Marche Mondiale des Femmes/Suisse - Rencontre européenne « Femmes-Migration-Refuge » à Genève : création d’un espace de résistance et de solidarité internationales.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire