"Peut-être existe-t-il un paradoxe contemporain de la clinique qui tient à ce que, au moment même où la notion est contestée dans ses domaines de prédilection, elle se trouve revendiquée par de nombreuses branches des sciences humaines et sociales. Dans les secteurs traditionnels, en effet, nombreux sont les constats alarmants de langueur, de déclin, parfois de mort de la clinique : en médecine somatique, mais aussi en psychiatrie, en psychologie et bien sûr en psychanalyse . Toutes les disciplines du soin semblent traversées par une mutation de grande ampleur, qui relègue volontiers la rencontre intersubjective au rang d’artisanat suranné. À l’époque de l’approche basée sur les preuves, des progrès de l’imagerie médicale, de la pharmacologie triomphante et de la médecine personnalisée . Que reste-t-il du « colloque singulier » dont se moquait déjà Foucault ? Parallèlement, on assiste toutefois, en sciences humaines et sociales, à un surprenant phénomène de diffusion du terme, revendiqué non seulement comme objet d’étude par l’éthique ou les humanités médicales, mais comme un mode d’enquête et de connaissance spécifique, et, ce, bien au-delà de la psychologie : dans les sciences de l’éducation ou la criminologie, en sociologie, en anthropologie, voire en géographie ou en droit. Crise d’un côté, inflation de l’autre : la notion de clinique semble bien aujourd’hui affectée d’un double malaise...." > suite
acheter ce livre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire