Honoré Champion - Septembre 2022
Le roman au XVIIIe siècle intègre à sa matière proprement littéraire les questions de théologie ou de métaphysique alors en débat : il se présente comme un moyen de penser ces questions, non pas in abstracto, mais par l’expérience exemplaire des passions, figurée dans le récit et portée par des personnages. Les problèmes classiques, touchant l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme, le salut personnel ou la justification du mal, prennent corps dans des trajectoires singulières ; ils sont portés par le point de vue des acteurs, animés dans des dialogues ou des lettres, inscrits dans l’espace et le temps de la fiction. La notion de transcendance, en ce qu’elle conjugue le lointain et le proche, la verticalité et l’horizontalité, le mouvement et l’arrêt, est l’instrument idéal pour mener l’investigation. Elle jette sur les grands romans de Prévost (Mémoires et aventures, Cleveland, Le Doyen de Killerine), Rousseau (Julie ou la Nouvelle Héloïse) et Rétif de la Bretonne (Le Paysan et la paysanne pervertis) un éclairage neuf, enrichi de tout l’apport de la phénoménologie contemporaine.
Nicolas Brucker est professeur de littérature française du XVIIIe siècle à l’université de Lorraine, et membre du centre de recherche Écritures (UR 3943). Il est spécialiste du débat d’idées, dans le domaine de la morale, de la religion et de la métaphysique.
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