Le meurtre en masse des patients handicapés, des Tziganes et des Juifs – dès juillet 1933 avec la loi de stérilisation puis prolongé avec le programme d’euthanasie à l’automne 1939 – fut l’acte inaugural de la Solution finale.
On retrouve d’un bout à l’autre de la chaîne une idéologie basée sur le sang et la race. Toute personne atteinte d’un quelconque handicap (arriérés, aveugles, sourds, épileptiques ou atteints d’une difformité physique) était jugée potentiellement dangereuse pour le « capital biologique » et était assassinée. Les tueurs du « programme d’euthanasie » furent, pour partie, ceux qui oeuvrèrent sans les centres de mise à mort de Belzec, Sobibor et Treblinka où fut assassiné en 1942-1943 le coeur du judaïsme européen. La technique élaborée dans le « programme d’euthanasie » (Aktion T4) y fut testée et sans cesse réemployée.
C’est cette continuité entre « euthanasie » et Solution finale que décortique ici Henry Friedlander. À cet égard, il montre que la mise à mort des Juifs handicapés, d’abord à titre individuel, puis collectivement, est un maillon capital qui préfigure la Solution finale de l’automne 1941. Les opérations de tueries en masse opérées par l'Allemagne nazie sont toutes liées les unes aux autres.
La publication de ce livre, il y a vingt ans, a imposé l’auteur comme l’un des grands noms des « Holocaust Studies » aux côtés de Hilberg, Browning, Friedländer et quelques autres. La traduction de ce livre vient combler un vide criant dans la bibliographie française sur le sujet.
Né à Berlin en 1930, Henry Friedlander connut le nazisme de l’intérieur puisqu’il fut déporté d’abord au ghetto de Lodz, ensuite à Auschwitz où il perdit une bonne partie des siens, puis à Neuengamme et Ravensbrück. Émigré aux États-Unis, il obtint un doctorat d’histoire à l’Université de Pennsylvanie en 1968. De 1975 jusqu’à sa mort en 2012, il enseigna les « Holocaust Studies » au département d’études juives du Brooklyn College, Université de New York.
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