Le care a gagné les esprits, autour du soin, de la reconnaissance des besoins particuliers, de l’écoute. Il est entré dans les comités d’éthique comme en politique, dénonçant les illusions d’un républicanisme universaliste libéral. Pour lui, l’égalité en droit, le culte de l’autonomie, servent un contrat pro tant toujours aux mêmes. En remède, il propose le lien d’une sensibilité, un monde selon l’ordre des besoins particuliers et non de principes universels. Arrivé là, il s’essouf e. Son appel à une société des besoins, de l’écoute, se montre incertain. Si intéressante soit, pour aujourd’hui, sa dénonciation de l’inquiétant stéréotype d’une humanité « libérale », le « self-made-man », cela ne suf t pas. De le voir séparer le savoir et la vie porte à se demander quel serait l’homme du care ? À la recherche d’un lien, manque la question de la liberté, de l’éducation, de l’exigence culturelle, de la volonté que le savoir ne reste pas un instrument ou un luxe des élites. Une sensibilité inculte n’est pas plus un lien que des principes jugés trop abstraits. Particulier et universel vivent l’un de l’autre. Ainsi se tisse le lien vivant qui fait une société. Être cultivé est aussi un besoin.
Simon Perrier est professeur de philosophie en classes terminales et CPGE à Chartres.
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