La Condition postmoderne, que Jean-François Lyotard publie en 1979, est très prémonitoire des mutations actuelles qui affectent l’éducation. La fin des « grands récits » qui légitimaient auparavant la production et la transmission du savoir invite à chercher ce qui reste désormais pour donner sens à l’éducation. C’est aussi à ceci que répond l’œuvre lyotardienne : l’état d’enfance, la faiblesse de celui qui ne sait pas encore et qui n’a pour seul recours que la propre faiblesse des langages. Cette double faiblesse articule « l’in-humain », résistance à une inhumanité productiviste qui dénie l’enfance et réduit les langages à une efficience communicationnelle du plus bas niveau. Rappeler cet état d’enfance, condition de la pensée et de l’apprentissage : tel est ce dont témoignent les arts, l’écriture littéraire ou philosophique, et tel pourrait être ce que toute éducation ne saurait oublier.
Gilles Boudinet est professeur en sciences de l'éducation à l'université Lumière-Lyon 2. Il est l'auteur de travaux sur la philosophie de l'éducation et de la culture, l'esthétique, l'éducation artistique et musicale.
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