Cette étude se place à la croisée de trois auteurs qui laissent entrevoir, à l’horizon du nucléaire, la persistance d’un même questionnement autour du concept inattendu de « déception ». Le nucléaire, qui semble accompagné par une multiplication sans retour des discours sur la fin, emporte jusqu’à l’idée même de fondement, exposant la raison à l’effondrement de son « principe » et entraînant le « désappointement » du programme rationnel de la modernité. La raison semble alors incapable de se soustraire au règne du simulacre qui « instrumentalise les idées mais ne les pense plus » (Levinas). Face à la recrudescence des discours catastrophistes, il s’agira alors de « démystifier l’apocalypse » et « l’alternative du tout ou rien qui transforme en un pouvoir quasi mystique l’arme de l’atome » (Blanchot).
Derrida, Blanchot et Levinas, proposeront trois analyses qui semblent nous « dissuader » de penser le phénomène nucléaire selon le critère d’une vérité conventionnelle car il se présente sous les traits d’une « apocalypse sans apocalypse, sans révélation de sa propre vérité, sans savoir absolu » (Derrida). Trois apologies paradoxales qui élèvent le désastre nucléaire au rang de principe « d’époque », tout en suspendant ce geste dans l’insignifiance d’une absence de révélation et l’effondrement du sens, exposant la pensée à une « déception », un « dessaisissement », qui s’avèrent essentiels à son renouveau. Il semblait d’autant plus important, à l’heure de la post-vérité, d’analyser cette éthique de la déception qui reconduit la raison hégémonique à sa « fission » inhérente.
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