Pendant des siècles, les Européens se sont représenté leur vie commune à travers une image simple, l’image du corps politique. Cette image signifiait que l’homme ne s’accomplit véritablement que par son inscription dans une Cité qui le dépasse. Sans cesse reprise et réinventée, la métaphore du corps politique a constitué un lieu commun de la pensée européenne jusqu’au XXe siècle. Elle devient alors suspecte, dans la mesure où elle semble réduire l’individu à n’être qu’un organe au service de la collectivité.
On aurait pu croire la métaphore du corps politique périmée. Elle se retrouve pourtant sous la plume de penseurs contemporains, ayant en commun de s’inscrire dans la tradition phénoménologique. Arendt, Merleau-Ponty, Lefort et Ricœur réaffirment la nécessaire appartenance de l’homme à un corps politique, ou encore l’existence d’une chair du politique. Comment comprendre la présence, chez ces auteurs, de l’image ancienne du corps politique? Que nous apprend cette image de la phénoménologie et de notre condition politique?
Agnès Louis est maître de conférences en science politique au département de droit de l’Université du Littoral Côte d’Opale. Elle est actuellement rattachée au Laboratoire de Recherche Juridique (LARJ).
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