Lettre volée - Mai 2022
Souffrance des mères de Guernica, clameur des Sabines enlevées par les Romains, visage contourné d'une Méduse hurlante, oeuvres-cris sonnant l'alerte contre les tragédies de migrants en Méditerranée, ou en mobilisation en faveur de l'anthropocène...
Au coeur de ces oeuvres une bouche fait trou, tache noire ou creux pour le regard. En cri ou en geste, la bouche attire l'oeil qui ne peut en obturer la béance. Mais depuis quand, pourquoi et comment ces oeuvres s'intéressent-elles à ces cris ? S'adressant au public soucieux de comprendre les arts et les images, de la fresque à la performance, cet ouvrage démontre et montre que ces oeuvres s'attachent, malgré leur réputation « de mauvais goût », à mettre en avant des scènes de cris afin d'en faire émerger la signification moderne.
Ces cris suspendent, en effet, toute culpabilité religieuse ou allusion aux dragons médiévaux. Ce sont des cris individuels ou collectifs, pleins de réprobation envers des sources humaines (guerres, dominations, crimes), en forme d'appel aux spectateurs, afin qu'ils regardent ce qui les regarde.
Christian Ruby, philosophe, enseignant, est membre de l'ADHC (Association pour le développement de l'histoire culturelle), du collectif Entre-Deux (Base d'appui pour l'Art public) et de l'Observatoire de la liberté de création. Derniers ouvrages parus: Criez et qu'on crie ! Neuf notes sur le cri d'indignation et de dissentiment, Bruxelles, La Lettre volée, 2019 ; Circumnavigation en art public à l'ère démocratique, Lyon, Naufragés éphémères, 2021.
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