Revue Mental - Juin 2025
Pour Lacan, le corps morcelé est la condition primitive du sujet, antérieure à toute unité imaginaire. C’est le langage qui, découpant le corps, en fait un « amas de pièces détachées » et de circuits pulsionnels.
Cependant, les discours fragmentent le corps de manière différente selon les moments de la civilisation. À la Renaissance, l’émergence du discours scientifique, qui ne tient pas compte de la belle forme du corps ou de sa prise dans le signifiant, ouvre à la possibilité d’opérer des dissections sur le réel de l’organisme. Les progrès de la médecine scientifique font aujourd’hui exister un corps toujours plus quantifiable, mesurable, percé à jour par l’imagerie, segmenté par l’hyperspécialisation, réparé voire augmenté par les prothèses. Mais, derrière ce corps objectivé persiste le corps subjectivé, dont le morcellement par le signifiant et la jouissance est pour chacun toujours singulier.
Dans le contexte du déclin des traditions, le corps devient lieu d’inventions originales et multiples. Notre époque est en outre marquée par la prolifération de gadgets connectés aux organes – mais l’angoisse ne manque pas de surgir lorsque le corps ou la technique font défaut. Ce numéro explore ainsi une clinique très contemporaine : corps débordés par l’agitation ou désertés par le désir, corps fatigués ou mis à l’épreuve dans le sport extrême, corps exhibés, corps addicts… Ces symptômes ne peuvent être lus ni traités qu’à la lumière du concept lacanien de jouissance, entendue comme l’effet de la parole sur le corps.
— ÉDITORIAL
Alice Delarue, L’envers de l’image
— EFFETS DES DISCOURS
Éric Laurent, Le corps morcelé par ses organes
Jean-Pierre Deffieux, Partenaire de notre temps
Hervé Castanet, Corps versus machine
Quentin Dumoulin, La machine dérangée
— ENTRETIEN AVEC DAVID LE BRETON
Explorer le corps
— CORPS AGITÉS, CORPS DÉSERTÉS
Dalila Arpin, Tout le monde est fatigué
Mauricio Diament, L’extrême dans le sport
Jean-Marc Josson, Rompre avec le corps
Andrea Orabona, L’éveil – De l’excès à la duperie
Sarah Abitbol, J’appartiens à mon corps
Sarah Camous-Marquis, Nouveaux symptômes dans les services de médecine
— DÉNOUAGES
Anne Colombel-Plouzennec, Mobiliser le vivant
Ariane Fournier, Transfert d’appareil
Carlo De Panfilis, Pour une clinique du corps qui échappe
Élise Etchamendy, Êtres de parole dans des corps cabossés
— ENTRETIEN AVEC HUGUES PASCAL-MOUSSELLARD
Un superbe geste
— FAIRE ŒUVRE DU CORPS
Claudia González, Le corps et l’écriture dans le dernier Pasolini
Esperanza Molleda, Le corps qui fait
Guy Briole, Impossible d’escaboter
— CORPS ANALYSANTS
Neus Carbonell, Être averti de sa méconnaissance
Dossia Avdelidi, La véritable cause de la réalité psychique
— CAS CLINIQUES
Philippe Hellebois, Les deux corps de Monsieur N.
Marina Frangiadaki, La livre de chair
Rocío Cid, Du No sé au No-Sí
— LECTURES
Nelson Hellmanzik, Le sublime et la guenille
Gustavo Freda, L’imprévisible
Carole Niquet, La pauvre créature de la science fait sa révolution
Serena Guttadauro-Landriscini, De la double vie à la seconde mort
Isabelle Orrado, Étrangèreté
Carla Antonucci, Se désincarner : de végétarienne à végétal
Olivia Bellanco, Un reste à dire
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