Date de parution : 23/04/14 - Editeur : PUF
Présentation de l'éditeur - Philosophe et penseur politique majeur, auteur
francophone, Fanon reste peu discuté dans notre langue. Si ce dossier
de la revue Actuel Marx qui lui est consacré pouvait contribuer
à ce qu’il en aille autrement, il aurait plus que rempli sa fonction.
Il se fixe deux objectifs, plus spécifiques. Le premier est de faire
ressortir la force d’une philosophie qui s’est nourrie d’une
confrontation avec l’existentialisme de Sartre et de Beauvoir, et d’une
appropriation originale de Freud et de Marx. Le second est d’examiner
les rapports de Fanon avec le marxisme, qu’il soit « orthodoxe » et
soumis à la critique, ou qu’il soit puisé à d’autres sources, celles de
l’existentialisme sartrien et du marxisme des luttes du Tiers-Monde, ou
encore, qu’il s’agisse des usages non marxistes de Marx, comme par
exemple ceux de Senghor.
Poursuivre de tels objectifs revient à nager à contre-courant. En effet, les usages contemporains de Fanon se rattachent principalement à la galaxie des études postcoloniales. Elles privilégient d’autres angles d’approche. Elles s’intéressent prioritairement à son premier ouvrage, un chef-d’œuvre, Peau noire, masques blancs, pour mettre l’accent sur la construction de la personnalité et de l’identité noires. Lorsqu’elles abordent la question de la domination, elles suggèrent que Fanon, psychiatre de formation, était plus enclin à articuler sexe et race que race et classe. Théoricien du racisme, voire de l’intersection des dominations racialisées et genrées, il serait tout au plus complémentaire par rapport à un Marx théoricien de la seule domination de classe. On comprendra, en lisant les articles réunis dans ce dossier, à quel point ce raccourci est grossier et inexact. On verra que les problématiques de la domination de classe restent déterminantes chez Fanon et qu’il s’efforce par ailleurs, en assumant une orientation matérialiste, de rendre compte de la racisation comme d’une production sociale irréductible à un phénomène idéologique, culturel ou cognitif [1][1] Fanon Frantz, Pour la révolution africaine, Paris,.... L’intérêt et l’actualité du projet critique de Fanon est indéniablement d’élever la question raciale et la question sexuelle au même rang de dignité théorique que celle de la domination de classe, et de leur porter une égale attention politique, mais en les réintégrant dans une question sociale dialectisée et historicisée dans la perspective d’une transformation radicale.
Poursuivre de tels objectifs revient à nager à contre-courant. En effet, les usages contemporains de Fanon se rattachent principalement à la galaxie des études postcoloniales. Elles privilégient d’autres angles d’approche. Elles s’intéressent prioritairement à son premier ouvrage, un chef-d’œuvre, Peau noire, masques blancs, pour mettre l’accent sur la construction de la personnalité et de l’identité noires. Lorsqu’elles abordent la question de la domination, elles suggèrent que Fanon, psychiatre de formation, était plus enclin à articuler sexe et race que race et classe. Théoricien du racisme, voire de l’intersection des dominations racialisées et genrées, il serait tout au plus complémentaire par rapport à un Marx théoricien de la seule domination de classe. On comprendra, en lisant les articles réunis dans ce dossier, à quel point ce raccourci est grossier et inexact. On verra que les problématiques de la domination de classe restent déterminantes chez Fanon et qu’il s’efforce par ailleurs, en assumant une orientation matérialiste, de rendre compte de la racisation comme d’une production sociale irréductible à un phénomène idéologique, culturel ou cognitif [1][1] Fanon Frantz, Pour la révolution africaine, Paris,.... L’intérêt et l’actualité du projet critique de Fanon est indéniablement d’élever la question raciale et la question sexuelle au même rang de dignité théorique que celle de la domination de classe, et de leur porter une égale attention politique, mais en les réintégrant dans une question sociale dialectisée et historicisée dans la perspective d’une transformation radicale.
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