Dans la langue courante comme dans les textes spécialisés, l’adjectif « esthétique » est aujourd’hui volontiers utilisé comme un parfait synonyme d’« artistique », comme si la valeur de l’art tenait tout entière dans la valeur esthétique. Tel est le paradigme esthétique de l’art qui s’est mis en place entre la Renaissance et le XVIIIe siècle et a, depuis lors, vectorisé l’histoire des arts en Occident. Or cette assimilation est doublement réductrice : d’une part parce que l’expérience esthétique déborde largement la sphère de l’art, d’autre part parce que la dimension esthétique n’est qu’une des dimensions de l’art. Il s’agit ici de comprendre la généalogie de cette assimilation illicite, d’analyser ses conséquences à la fois dans la création artistique et dans la production théorique qui l’accompagne, et de montrer en quoi elle est à la fois fallacieuse et préjudiciable aux arts.
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