Ce livre prend position sur les enjeux et les visées des oeuvres d'art en matière de vérité et de morale : il répond, par un retour sur l'époque des Lumières, aux questions contemporaines sur l'idée d'un perfectionnement moral de l'individu (S. Cavell, M. Nussbaum, S. Laugier). Les Lumières ont mis au coeur de la création artistique les émotions, les affects et les sentiments, mues par la conviction de l'efficacité d'une éducation esthétique de l'homme, d'une éducation sensible par le sensible, en l'occurrence par les oeuvres.
La vérité a-t-elle un sens en matière artistique ? L'autonomie de l'oeuvre, la liberté du créateur, la dévaluation de tout canon au nom d'un global turn qui contraint au relativisme rendent aujourd'hui difficile cette affirmation. Et la sincérité de l'auteur, même si elle relève d'un idéal moral d'authenticité et de la formation de l'identité (Ch. Taylor), ne saurait être un argument, tant elle tombe sous le coup d'un soupçon préjudiciel. La critique, elle, pourrait-elle prétendre au vrai ? Mais il y a plusieurs interprétations possibles d'une oeuvre, plusieurs interprétations qui touchent juste au sens où l'on dit d'une voix qu'elle est juste, d'un vêtement qu'il tombe bien.À partir de quelques études de cas, Danièle Colin revient sur l'idée d'une fin de l'art (A. Danto) et propose de fonder jugement artistique et jugement esthétique sur la justesse.
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