Les recherches lévinassiennes ont connu durant ces deux dernières décennies un essor considérable. Si les grands travaux sur Levinas, ayant fait date, se sont principalement focalisés sur Autrement qu’être ou au-delà de l’essence (paru en 1974), il est opportun, plus d’un demi-siècle après sa parution, d’attirer une nouvelle fois, après « Violence et métaphysique » de Derrida, le regard analytique et critique sur ce premier chef d’œuvre de Levinas. L’un des enjeux du présent ouvrage est de le replacer dans son contexte, en particulier dans ses sources phénoménologiques. Il s’agit d’interroger tant le débat avec Husserl à propos de l’intentionnalité (et ses soubassements éventuellement pré-intentionnels, voire non-intentionnels), que celui avec Heidegger sur le statut « ekstatique » et « transcendant » de l’« existant » (humain), mettant en jeu le rapport à autrui. Les textes réunis dans ce volume mettent également en évidence le caractère irréductible de cette pensée animée par une exigence éthique et témoignent du processus de libération effective en provenance d’autrui conduisant vers une signification eschatologique et prophétique du temps et de l’avenir. Aussi ce collectif rassemble-t-il des chercheurs nationaux et internationaux qui sont ou bien des spécialistes de la phénoménologie ou bien se sont inspirés des mêmes sources – phénoménologiques ou non phénoménologiques. Il s’agit à la fois de revenir sur les contributions fondamentales de cet ouvrage difficile à la philosophie française de la seconde moitié du vingtième siècle et d’inscrire ces contributions dans le débat contemporain.
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