On a jusqu’ici édité sous le titre apocryphe Projet de constitution pour la Corse trois manuscrits rédigés en 1765 par Rousseau, après que le capitaine Buttafoco l’eut invité à tracer le « plan du sisteme politique » de la Corse. Ces manuscrits ne sont pas une œuvre de Rousseau mais des pièces successives et inachevées d’un dossier dans lequel il conservait sa documentation sous l’intitulé Affaires de Corse. Il n’y propose pas de constitution et se défend de faire œuvre de législateur, mais juge utile et urgent de conseiller la jeune nation en proposant un « plan de gouvernement » et en combattant les préjugés propagés par la noblesse qui voulait rétablir les privilèges héréditaires, faire de l’appât du gain le moteur de l’économie, multiplier les échanges commerciaux avec les grandes nations d’Europe.
Pour Rousseau, la révolution corse et l’heureuse situation de l’île rendent possible une autre voie politique qui s’appuie sur la puissance de la démocratie. Comprise à la fois comme art du gouvernement, règle de l’économie et mode de vie désirable, la démocratie permettra de former la jeune nation pour le gouvernement. En cela, la puissance de la démocratie n’accomplit-elle pas l’œuvre d’un législateur? En tout cas, ces propositions inédites confèrent à ces textes, bien qu’inachevés, une place à part et décisive dans la pensée politique de Rousseau.
Sous le titre Affaires de Corse, ce volume présente, associée à la correspondance avec Buttafoco, une édition critique des manuscrits dans lesquels Rousseau a travaillé à un « plan de gouvernement bon pour la Corse ». L’introduction, l’annotation et le commentaire de ces textes en renouvellent l’interprétation en restant constamment attentifs à leur genèse et au contexte historique de leur rédaction.
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