Blanchot n’a pas toujours été le même. Les entrelacements de sa vie comme de son œuvre posent comme relevant du paradoxe le plus exigeant, le statut de la parole. Réfutant l’assertion de Wittgenstein selon laquelle, il faudrait taire ce qui ne peut se dire, l’auteur de L’Entretien infini n’en mesure pas moins l’invraisemblable d’une parole qui se croirait au-dessus de tout soupçon. Tous les camps s’appellent Auschwitz et dans tout nom, il y en a un nom qui dérange : Auschwitz. Faire comme si l’holocauste n’avait pas eu lieu et n’avait pas dramatiquement impacté le statut de la parole, l’opération s’avère impossible. Alors, quelle parole ? « Il y aurait dans toute vie un moment où l’injustifiable l’emporte et où l’incompréhensible reçoit son dû ». En faisant résonner cette phrase tirée des « Intellectuels en question », Michel Lisse éclaire la position de Blanchot à l’endroit de l’écueil auquel se confronte toute littérature dès lors qu’elle se heurte à la question des camps et à travers elle, à celle de sa parole. Livrant une lecture croisée de Blanchot lisant Derrida (et inversement), dont le point de rencontre demeure la figure de Paul Celan (« que nous n’avons pas su préserver du naufrage »), Michel Lisse propose une lecture de la mort dans et par l’écriture. Magistrale est la démonstration si tant est que le mot entende bien dévoiler des monstres. Le livre de Michel Lisse Quatre essais sur Maurice Blanchot est préface par Vincent Engel.
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