Ce volume prend position sur l’héritage de la pensée de l’historien de l’art suisse Heinrich Wölfflin (1864-1945). Père fondateur, aux côtés d’Alois Riegl, d’Aby Warburg ou d’Erwin Panofsky, de la « science de l’art » germanique (Kunstwissenschaft), Wölfflin fait partie de cette génération de chercheurs pour laquelle le dialogue avec la philosophie, la psychologie, l’histoire de la culture ou les études littéraires nourrit l’histoire de l’art. Les Principes fondamentaux de l’histoire de l’art*, devenus dès leur publication en 1915 le grand ouvrage de référence, constituent l’aboutissement d’une enquête sur les formes du voir, et l’outillage épistémologique que requiert l’explication des œuvres. Wölfflin y déploie un certain nombre de catégories issues de l’expérience historique – des catégories qui ne prétendent donc pas à la pureté des catégories kantiennes, mais visent néanmoins une certaine applicabilité transhistorique. Cette opérativité conceptuelle en fait toute la richesse. Wölfflin a trop souvent été taxé de formalisme. L’ambition de l’ouvrage est de replacer sa pensée dans le champ théorique de la réflexion sur les arts, par-delà les oppositions stériles entre formalisme et iconologie. Les textes ici rassemblés montrent à quel point le souci wölfflinien de la forme s’est toujours attaché à la vie concrète de l’histoire des œuvres et des styles. En cela, sa pensée se révèle d’une grande actualité aussi bien en esthétique qu’en histoire des arts, jusqu’à des domaines aux enjeux plus sociétaux et politiques, comme celui du musée et de la muséologie.
Danièle Cohn est philosophe, professeur émérite d’esthétique et de philosophie de l’art à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle a notamment publié La Lyre d’Orphée. Goethe et l’esthétique (Flammarion, 1999), Anselm Kiefer, Ateliers (Éditions du Regard, 2012) et L’Artiste, le vrai et le juste. Sur l’esthétique des Lumières (Rue d’Ulm, 2014). Elle a édité en français les Écrits d’esthétique de W. Dilthey, Hercule à la croisée des chemins d’E. Panofsky et, de K. Fiedler, Sur l’origine de l’activité esthétique et Aphorismes. Elle a été commissaire de l’exposition « De l’Allemagne. De Friedrich à Beckmann 1800-1939 » au Louvre en 2013 (éd. catalogue, collab. Sébastien Allard, Hazan, 2013). Elle écrit sur nombre d’artistes contemporains.
Rémi Mermet est docteur en philosophie et en histoire de l’art. Sa thèse, soutenue sous la direction de Danièle Cohn et Jan Blanc, s’intitule « Penser Wölfflin avec Cassirer : essai d’esthétique morphologique ». Il est actuellement postdoctorant auprès de la chaire Beauté(s) de l’Université Paris Sciences et Lettres (PSL).
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