La Découverte - Mars 2021
S’il n’est plus cautionné par la biologie ou l’anthropologie, comme il l’était à l’apogée de la période coloniale, le racisme est loin d’avoir disparu. Son énigmatique persistance puise ses ruses et ses raisons dans l’inconscient et dans les effets de croyance qui l’accompagnent. Ce livre part à la recherche des traces d’une vie psychique collective héritière d’une histoire largement tributaire des grands partages coloniaux, rendue illisible dans notre actualité postcoloniale.
Pour s’orienter dans ces voies parfois tortueuses, il a fallu miser sur l’apport sous-estimé d’Octave Mannoni. Philosophe venu tardivement à la psychanalyse, il a évolué pendant un quart de siècle dans les colonies avant d’entamer un processus de « décolonisation de soi » coïncidant avec une tentative de décrire l’envers inconscient de la scène coloniale : sa cruauté mais aussi ses fragilités intimes, donnant à penser leurs effets de longue durée tant chez les anciens colonisés que chez les anciens colonisateurs.
En redonnant une visibilité à ce trajet, ses échos, ses critiques et ses reprises, les auteurs explorent à partir de la mécanique du démenti les ressorts inconscients du racisme. Se dessine ainsi une histoire mineure de la psychanalyse française, qui avait affaire à la question raciale avant même que Fanon s’en saisisse ouvertement, et que Lacan annonce, une fois le cycle des décolonisations achevé, que « le racisme a bien de l’avenir ».
TABLE DES MATIÈRES
Passes et impasses d’une lecture psychanalytique du racisme
Situations d’un livre intempestif
Une psychologie sans psychologues
Miser sur la psychanalyse
Dépendance ou infériorité : une affaire (de) complexe
Fabriquer la « situation coloniale »
Économie libidinale
Existe-t-il un « racisme colonial » ?
Gentlemen only
Vers une décolonisation de soi
De la plainte à l’expérience
Voir trouble dans la nuit raciale
« Un privilège de l’homme blanc »
Que faire de la différence ?
Incarcération raciale et enfermement psychiatrique
De « la difficulté d’être martiniquais »
L’empire du démenti
Déni ou dénégation ?
Je sais bien, mais quand même...
Démenti, fétiche et croyance
Les deux axiomes de la croyance
Le primat de la satisfaction
Minéralisation subjective
« Le racisme a bien de l’avenir »
Un « racisme des discours »
Au-delà du malaise ?
Remerciements
acheter ce livre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire