Hermann - Mars 2021
Les relations qui unissent le savoir scientifique et la poésie de la seconde moitié du XIXe siècle sont complexes. Longtemps fort minoré par l’histoire littéraire, le dialogue qu’entretiennent ces deux entités oscille entre modernité scientifique et modernités poétiques. Tour à tour conflictuelles ou fraternelles, ces modalités de dialogues multiples et contradictoires se révèlent pourtant symptomatiques d’une époque en crise vis-à-vis à la fois du genre poétique et d’un scientisme en voie d’essoufflement. L’analyse stylistique – systématiquement informée par le contexte de production – et l’épistémocritique permettent de rendre compte d’une histoire parallèle et longtemps éclipsée de la modernité : tandis que le poème moderne se proclame de plus en plus autonome, tandis que la science a tendance à se spécialiser au point de n’être plus transmissible, le dialogue de la science et de la poésie, loin de disparaître, se complexifie. Le poète ne se contente plus d’exposer thématiquement des éléments de savoirs. L’influence de la science se fait plus profonde et plus structurelle : le poème emprunte sa langue savante pour exprimer les angoisses du sujet lyrique, la poétologie entre dans le laboratoire de l’expérimentation. Ce faisant, l’impact de la science sur le travail poétique, quoique souterrain, devient déterminant dans les reformulations innovantes de la poésie de la seconde moitié duXIXe siècle. Deux modernités s’observent alors, se détournent parfois l’une de l’autre, s’entrecroisent ailleurs. C’est l’histoire des modalités de cette cohabitation difficile que la présente étude a cherché à mettre au jour.
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