CNRS - Mars 2021
Thomas Hobbes (1588-1679) ouvre, avec le Léviathan, de nouvelles perspectives en philosophie politique, mais aussi en logique, en physique et en métaphysique. C'est l'inventeur de la notion d'état de nature, et du pacte fondateur de la société civile qui permettrait d'en sortir. Son œuvre, considérée tantôt comme annonciatrice de l'athéisme contemporain et tantôt comme fidèle au christianisme, est au centre du débat qui divise, depuis la fin du XIXe siècle, historiens et philosophes sur le thème de la sécularisation de la pensée politique moderne.
Contrairement aux théologiens médiévaux dont il s'inspire, Hobbes n'inscrit plus sa réflexion politique dans l'horizon du salut éternel, mais, selon Luc Foisneau, dans l'horizon de la mortalité humaine. Quelles sont les conséquences d'un tel changement de perspective ? Principalement une égalité naturelle entre les hommes : celle-ci anticipe de manière fulgurante la célèbre critique rousseauiste du droit du plus fort et nous met en demeure de penser autrement la constitution du politique, la toute-puissance de l'État protégeant les hommes de la peur qu'ils s'inspirent mutuellement. Plus largement, cet ouvrage montre en quoi la thèse d'une domination de Dieu par nature contribue à l'élaboration d'une anthropologie politique, au déploiement d'une théorie de la souveraineté et à une critique de la théologie politique.
Luc Foisneau, directeur de recherche au CNRS (Centre Raymond Aron, EHESS), s'interroge sur la nature du lien que la politique moderne entretient avec la question de la justice.
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