jeudi 4 décembre 2025

René Girard : Le désir de tyrannie (Textes présentés et commentés par Benoît Chantre)

 Grasset - Décembre 2025


« La tyrannie se caractérise essentiellement par l’instabilité. En un instant, le premier venu arrive au faîte du pouvoir mais il en dégringole avec la même rapidité pour être remplacé par un de ses adversaires. Il y a toujours un tyran et toujours des opprimés, en somme, mais les rôles alternent. »
Dans ces quelques lignes extraites de La Violence et le Sacré, René Girard réfléchit sur l’équilibre instable du pouvoir, dont le tyran reste la figure excessive et la tentation secrète. Confrontant le tragique grec et le prophétisme juif, son œuvre montre comment les désordres engendrés par le désir mimétique se résolvent dans l’irruption d’un Modèle unique, à la fois vénéré et détesté, qui s’impose à toute la société. La tyrannie du Prince ne fait qu’un avec celle de ses sujets. Ce mal politique une fois mis au jour, la liberté peut s’inventer dans une relation à l’Autre libérée des ruses du désir.
Dans ce court volume, Benoît Chantre, éditeur, président de l’Association Recherches Mimétiques, auteur de la grande biographie intellectuelle de René Girard, assemble et commente ces textes qui ont retrouvé une actualité troublante.

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Serge Margel : Savoirs divergents. Essais et conférences philosophiques

 Hermann - Décembre 2025


Cet ouvrage rassemble une quinzaine de textes sur des savoirs divergents : la question des miracles, des procès de sorcellerie, de l’écriture testamentaire, du pouvoir des psylles, de la fictio legis, des fausses reliques, du capitalisme religieux, mais aussi de la barbarophonie, de la langue maternelle, de la détresse poétique, du mythe d’Écho, ou encore de la chance au-delà de la promesse. Chaque texte propose une lecture d'auteurs qui souvent se démarquent du discours philosophique, et dont le discours résiste parfois à croiser un autre champ du savoir. Ces savoirs divergents ne jouent pas toujours le jeu du savoir disciplinaire. Mais que veut dire "savoir divergent", que signifie « diverger », lorsqu’on parle de savoir ? Diverger indique l’action de s’écarter de plus en plus, mais toujours à partir ou en fonction d’un point commun. Diverger, c’est ne jamais quitter ce point. Plus on s’en éloigne, et plus ce point devient l’horizon émergent du savoir. L'intéressant, dans ce terme, dans ce mouvement ou cette action, repose d’abord et avant tout sur son efficacité, sa force ou sa puissance. La divergence des savoirs produit du savoir, mais qui procède autrement que le savoir. Comme Levinas disait « autrement qu’être » pour parler d’un au-delà de l’essence, il est possible de parler d'un « autrement que savoir », pour parler d’un au-delà de la pensée.

Serge Margel est philosophe et philologue. Il enseigne les sciences bibliques et la langue hébraïque à l'université de Neuchâtel, et est chercheur au Fonds national suisse de la recherche scientifique. Il a publié plusieurs ouvrages aux éditions Hermann, dont Altérités de la littérature (2018) et La philosophe dans le miroir (2023).

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Cristina Parapar (dir.) : Herbert Marcuse, les conférences à Vincennes. Capitalisme et opposition radicale

 L'Harmattan - Décembre 2025


Ce volume réunit, pour la première fois en français, les sept conférences que Herbert Marcuse prononça à l’Université expérimentale de Vincennes au printemps 1974. À la croisée de la rigueur philosophique et de la pédagogie militante, l’auteur de L’Homme unidimensionnel y expose les dynamiques internes du capitalisme dans la société industriellement avancée qui pourraient, en même temps, le conduire à son autodestruction. Pour la première fois dans l’histoire, suggère Marcuse à Vincennes, ce n’est ni la misère ni la pauvreté qui mettraient le feu aux poudres du changement, mais bien l’opulence, l’excès, le gaspillage, l’exubérance.

Doctorante à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Cristina Parapar travaille sur la réception de la philosophie de la musique et de la Théorie critique d’Adorno et Marcuse en France. Elle s’est dotée d’une formation internationale et a été invitée à travailler avec Lydia Goehr et Fredric Jameson. Elle a enseigné à la Sorbonne, et a publié récemment dans Marcusean Mind (Routledge, 2024) et Words and Music (Bloomsbury, 2024).

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Thomas d'Aquin : Somme contre les Gentils II. La Création

 GF Flammarion - Novembre 2025


La raison et la foi, Aristote et la Bible : la Somme contre les Gentils offre une synthèse unique par l'ampleur de son dessein. Thomas a trente-trois ans quand, pour "accomplir le métier de sage", il entreprend de penser la Révélation en parlant le langage de "la raison naturelle, à laquelle tous sont contraints d'assentir". "Nous avons déjà parlé, dans le livre précédent, de la première opération de Dieu, en traitant de la connaissance et de la volonté divines. Pour compléter notre étude de la vérité divine, il nous reste donc à disserter de la seconde opération, par laquelle les choses sont produites et gouvernées par Dieu." Création, puissance divine, éternité du monde et, surtout, théorie de l'intellect sont la matière du livre II, dans un fréquent débat avec Maïmonide, Avicenne et Averroès.

Traduction et édition de Cyrille Michon

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Sophie de Mijolla-Mellor : Psychanalyse, droit et politique

 Lefebvre Dalloz - Septembre 2025


Un essai qui montre en quoi la psychanalyse est pertinente pour penser la dimension juridique et la dimension sociétale

Cet essai se présente sous plusieurs axes (droit civil, droit pénal, philosophie du droit...) pour montrer en quoi la psychanalyse est pertinente pour penser la dimension juridique et la dimension sociétale, même si elles relèvent de logiques qui leur sont spécifiques.
Plusieurs aspects sont particulièrement susceptibles d'intéresser les avocats et magistrats, par exemple :
- l'aveu ;
- le basculement dans l'acte ;
- l'incompréhension des motivations criminelles chez le sujet réputé " normal " ;
- la certitude du " bon droit " chez le paranoïaque.
Ce livre souhaite aussi ouvrir vers une dimension plus fondamentale : celle où le juriste s'interroge sur les fondements de sa pratique. Car, même si, plus soucieux de pragmatisme que d'abstraction, il choisit de les ignorer, comment pourrait-il éviter d'être confronté à un tel questionnement né de l'écart irréductible entre sa fonction, qui dit ou applique le droit, et le sol philosophique sur lequel celui-ci repose, c'est-à-dire l'idée de justice ?
Toute pratique judiciaire sous sa forme la plus banale charrie avec elle, vérifiée dans les mots du Code, une pensée morale et politique, alors même que le débat philosophique en semble absent. Ce sont les " grands " procès historiques qui régulièrement brisent ces évidences et ramènent sur le devant de scène le Politique normalement absent du prétoire. Ils montrent que si nul n'est censé ignorer la loi, celle-ci est cependant toujours interprétable, liée à des valeurs qui la dépassent et la problématisent.
Dans le débat philosophique entre le juste et le bon où le psychanalyste n'a pas directement sa place, il lui est cependant loisible de rappeler qu'il y entrent aussi des fondements pulsionnels dans lesquels la dimension de l'inconscient ajoute un élément qui brouille les cartes.

Sophie De Mijolla-Mellor: Psychanalyste et philosophe, agrégée de philosophie, docteur ès Lettres et Sciences humaines, Sophie de Mijolla-Mellor est également professeure émérite en psychopathologie et psychanalyse de l'Université Paris 7-Denis Diderot. Elle est aussi directrice de la revue Topique, présidente et fondatrice de l'Association internationale interactions de la psychanalyse (AIHP). Outre de très nombreux articles dans des revues scientifiques nationales et internationales, Sophie de Mijolla-Mellor a publié une vingtaine d'ouvrages (notamment chez Odile Jacob et aux PUF) qui mettent en interactions la psychanalyse et les divers champs des sciences de l'homme.

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Philippe Comar : Le lien et la grâce

L'Atelier contemporain - Novembre 2025


« Rupture, cassure, décalage, échappée, dissidence sont les mots-clés de l’histoire de l’art moderne. Depuis Manet et Cézanne, l’art rompt avec son milieu, rompt avec la tradition, rompt avec les idées ou les valeurs dominantes. Que reflète alors cet art déchaîné hormis sa propre errance ? Existe-t-il, sinon des liens tenaces, à tout le moins quelques fils ténus qui rattachent encore l’œuvre à une histoire qui ne serait pas seulement celle des artistes, de leur production ou de leur ghetto ? » Les textes repris et développés dans cet ouvrage trouvent leur origine dans des préfaces, notices, articles ou actes de colloque, écrits au cours des trente dernières années par l’auteur. Fort d’une riche expérience en tant que commissaire ou conseiller scientifique d’expositions, il s’est interrogé tout au long de sa carrière sur cette question du lien – lien entre l’art, la religion, la littérature, la psychanalyse, la science. L’ensemble des textes, qui se répondent entre eux, se fait l’écho de cette réflexion sur la question du lien. Ils ont tous été revus, certains profondément remaniés, et constituent désormais la version de référence. Quelques-uns ont été écrits pour des ouvrages étrangers et n’avaient jamais été publiés en français.

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mercredi 3 décembre 2025

Nicolas Gavet : La violence à travers le temps : du glaive à la bombe

 L'Harmattan - Novembre 2025


La violence, phénomène universel et multiforme, traverse l’histoire humaine sous des formes physiques, psychologiques, symboliques et structurelles. Elle n’est pas un accident, mais un élément constitutif des sociétés, servant tantôt à dominer, tantôt à contester.
Les approches sociologiques (Weber, Bourdieu, Elias) soulignent son rôle dans la légitimation du pouvoir et les rapports de domination. En philosophie, elle est tour à tour perçue comme inhérente à la nature humaine (Hobbes) ou produite par les structures sociales (Rousseau, Arendt). L’anthropologie, avec Lévi-Strauss ou Girard, montre qu’elle est façonnée par des normes culturelles et rituelles. Historiquement, guerres, colonisations et répressions illustrent ses effets destructeurs, mais aussi sa fonction fondatrice lors des révolutions.
Aujourd’hui, la violence change de forme : économique, numérique, écologique ou genrée. Les sociétés modernes doivent faire face à des violences plus diffuses, mais persistantes. La violence symbolique, souvent invisible, agit en profondeur sur les représentations et les structures sociales. La compréhension de ses mécanismes historiques et sociaux est essentielle pour la contenir. Regarder la violence en face, c’est reconnaître ses causes, ses mutations et ses impacts pour penser des alternatives collectives.

Nicolas Gavet est professeur d'histoire et de géographie en lycée. Ses recherches portent notamment sur les violences à travers les âges et les civilisations. Il a, entre autres choses, écrit de nombreux articles sur la violence et les jeux vidéos.

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Joël Thomas (dir.) : Introduction aux méthodologies de l'imaginaire

 Ellipses - Décembre 2025


Les sciences humaines ne peuvent faire l'économie d'une réflexion approfondie dans le domaine de l'imaginaire : à cause de sa dimension à la fois médiatrice et dynamique, l'étude de la vie des images est d'un intérêt particulier pour rendre compte des mutations et des transformations du monde de la connaissance. Il est donc capital que les jeunes chercheurs de demain puissent découvrir cette problématique de l'imaginaire, et l'intégrer dans leur future recherche. Mais il n'existait pas, à ce jour, d'ouvrage didactique qui présentât les avancées de ce vaste champ épistémologique et méthodologique. C'est pourquoi vingt universitaires qui ont tous, dans leurs champs disciplinaires respectifs, une solide expérience et de belles références dans ce domaine, ont souhaité écrire ce livre, en particulier pour un Public étudiant, et parce qu'ils sont persuadés que les études sur l'imaginaire seront un vecteur essentiel dans les avancées des sciences humaines.

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Plutarque : Sur le bavardage

 Sillage - Décembre 2025


« C’est une cure difficile et malaisée que la philosophie entreprend à l’égard du bavardage. Car le moyen de se guérir de cette maladie est d’écouter ; or les bavards n’écoutent personne, ils parlent sans cesse, et le premier mal dû à leur incapacité de se taire, c’est qu’elle les empêche de rien entendre… »

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Gabriel Clamens : La philosophie de Clément Rosset

 L'Harmattan - Novembre 2025


Cet essai se propose d’analyser l’intégralité de la pensée de Rosset à partir de la problématique d’une joie tragique.
Il est divisé en trois parties, la première concernant les écrits de jeunesse où Rosset laïcise, pour ainsi dire, ou fait de la pensée de Schopenhauer une pensée non-métaphysique ; la seconde porte sur les écrits dits artificialistes où Rosset réalise une pensée du hasard et de la matière telle qu’elle offre une expérience primordiale du tragique ; la dernière, sur les écrits de maturité où Rosset exploite l’idée d’une pensée réaliste fondée sur un réel tautologique, identique à lui-même, sans double, singulier, donc irreprésentable.

Gabriel Clamens est titulaire d’un master de philosophie et concentre actuellement ses recherches sur la philosophie de Clément Rosset.

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Thomas Morvan : Lecture du Protagoras de Platon (Édition revue et augmentée)

 L'Harmattan - Décembre 2025


La méthode proposée ici pour lire le Protagoras part d’une idée simple. Celle que le Socrate de Platon met en pratique et qui entre dans la définition de l’éros philosophique : voir l’aporie comme une ressource, voir l’impasse avant le passage. Suivant cette idée, Platon pose des questions à son lecteur, ou il les lui laisse à poser, face à des apories ; ce qui revient à tenir de telles questions pour de premiers pas – vers une issue. Il s’ensuit par méthode que le questionnement doit progresser là où des indices sont déposés à cet effet. L’expliquent les contraintes propres à un enseignement de la philosophie (Lettre VII) et les critiques que cela fait porter sur l’écrit (Phèdre).
Platon invente la philosophie comme une discipline intellectuelle vouée à l’examen des problèmes, à l’épreuve des apories ; il invente (ou réinvente) à cet effet le dialogue, au sens où Schleiermacher et Koyré le font entendre, une écriture destinée à imposer la lecture comme exercice philosophique : le dialogue ne dispense pas d’enseignement sans d’abord donner une épreuve. Au lecteur de s’instruire de son travail sur le texte.
Ni Schleiermacher ni Koyré n’ont accordé d’importance ou même d’intérêt au mythe dans le Protagoras ; au moins aura-t-on aidé à en voir la centralité. Le post-scriptum (ajouté à cette édition) y revient pour une relecture ; pour ainsi confirmer que le renversement en fin de dialogue (ἄνω κάτω) n’est pas, loin de là, la seule chose à devoir s’expliquer entre Prométhée et Épiméthée : l’évolution toute entière ou presque du jeu entre Socrate et Protagoras y est impliquée et s’en trouve éclairée.

Thomas Morvan est également l’auteur d’Éros et le lien cosmique, Lecture ancienne et nouvelle du Banquet de Platon (L’Harmattan, 2013).

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Alain Policar : Laïcité : le grand malentendu

 Flammarion - Décembre 2025


La laïcité, synonyme à son origine de coexistence des libertés et de paix sociale, s’est transformée dans la période récente en révélateur de nos pathologies face à l’altérité. Pour unifier les conduites et les tenues, elle est invoquée comme valeur identitaire. Sa conception contraignante et sécuritaire gagne la bataille de l’opinion.
Dans cet essai inquiet, nourri d’histoire et de philosophie, Alain Policar retourne à l’intention du législateur en 1905. Il explique comment la laïcité a été la source d’un débat tendu entre partisans d’une version combattante et ceux d’une version ouverte. Le camp républicain, lui-même scindé entre ces deux interprétations, a vu alors l’emporter les défenseurs de la pacification.
L’auteur défend vigoureusement l’idée que la laïcité finit par être contre-productive quand, au lieu d’émanciper, elle devient l’arme de ceux qui cherchent à contrôler ou à exclure l’autre pour des raisons religieuses ou politiques.
Il convient de lever le malentendu et de retrouver le sens vrai et historique de notre laïcité républicaine. Comment lutter contre l’intolérance et protéger le droit et l’expression de la différence ?

Agrégé de sciences sociales, Docteur en science politique (IEP de Paris), Alain Policar a accompli l'essentiel de sa carrière à la faculté de droit et des sciences économiques de Limoges. Il est actuellement chercheur associé au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), et auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels : La Haine de l'antiracisme, Textuel, 2023 ; L'Inquiétante familiarité de la race, Le bord de l'eau, 2020 ; Le wokisme n'existe pas, Le bord de l'eau, 2024.

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Lakis Proguidis : L'être et le roman. De Gombrowicz à Rabelais

Editions du Canoë - Octobre 2025


L’Être et le roman est le deuxième essai d’une trilogie autour de Rabelais. L’auteur y examine « le corps romanesque » – le corps qui devient une catégorie esthétique dans l’art du roman. Que signifie « le corps romanesque » ? Un corps collectif constitué d’êtres fictifs que sont les personnages qui commencent à peupler l’imaginaire européen à partir du xvie siècle. Quelle nécessité psychique, spirituelle, civisationnelle a présidé à l’émergence de ce corps dans notre imaginaire ?
Proguidis y voit une dimension de l’être humain que n’avait saisi aucune des branches du savoir constitué (théologie, philosophie, sociologie, anthropologie). Il s’agit donc de la naissance d’un art à part entière. Tous les éléments propres à l’esthétique de cet art sont déjà en oeuvre dans les quatre livres de Rabelais. Il les met en évidence par l’intermédiaire d’un dialogue avec un écrivain contemporain – dans le présent essai Witold Gombrowicz.
Ce dialogue permet de saisir l’informulé d’une époque par des cheminements inattendus qui passent de la lecture attentive de textes, d’Homère à la presse, de l’expérience personnelle à la réflexion philosophique, de rêves aux hasards saisissants. Un essai qui n’a rien d’académique.

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Massimo Olivero, Matthieu Couteau (dir.) : La Promesse d'un art (1900-1950). Un demi-siècle de théories du cinéma

 Classiques Garnier - Décembre 2025


Persuadés qu'il n'y a pas d'un côté la théorie et de l'autre le cinéma, mais que l'une et l'autre se sont toujours influencés, notre ambition commune est de concourir à la recherche actuelle de façon originale, en proposant une introduction plurivoque aux pensées qui ont fait le septième art. D'Hugo Münsterberg à Sergueï Eisenstein, en passant par Rudolf Arnheim, Béla Balázs, Ricciotto Canudo, Louis Delluc, Germaine Dulac, Jean Epstein, Lev Kouléchov et Dziga Vertov, en creusant du côté des formalistes russes (Victor Chklovski), des poètes symbolistes et surréalistes (Saint-Pol-Roux), des cinéphiles (Alexandre Astruc), nous avons voulu remonter aux sources de nos conceptions, examiner notre testament pour comprendre leur héritage.

Matthieu Couteau est doctorant à l'université Sorbonne Nouvelle, sous la direction de Térésa Faucon, où il écrit une thèse pour une « Théorie du gros plan sonore ». Sa recherche en esthétique s'intéresse à l'histoire et à l'analyse des films, de leurs formes visuelles et sonores, de leurs récits, dans des cinématographies muettes ou parlantes, notamment celle de la modernité française (1950-1980).
Massimo Olivero est maître de conférences en esthétique et théorie du cinéma à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ses recherches portent sur la poétique des formes filmiques, les théories du réalisme, et la mise en scène dans la fiction classique, avec un intérêt particulier pour le cinéma soviétique, hollywoodien et français (1920-1950).

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lundi 1 décembre 2025

Antonia Soulez : Le Spectre Platon chez les Analytiques

 PU de Vincennes - Décembre 2025


La réception française de Ludwig Wittgenstein, figure illustre de la philosophie analytique. Ses travaux sur la philosophie du langage ou les fondements des mathématiques révèle sa tension entre science et expressivité : ni littéraire ni scientifique, une quête unique de clarté philosophique.

Ce livre entend renouveler significativement la question du style adéquat à la pensée : est-il possible au philosophe d’articuler sa pensée à même le matériau de la langue ? Il croise pour cela deux histoires. D’abord celle d’une étudiante française qui, à la faveur d’un intense voyage intérieur entrepris dans les années 1960, voit sa recherche jusqu’alors axée sur la philosophie grecque s’orienter vers la philosophie analytique.
La seconde histoire est celle que ces philosophes entretiennent avec le platonisme dont la critique s’avère redevable à Platon. La plus impressionnante de ces voix est celle de Wittgenstein. Dans une Europe ébranlée par les conflits mondiaux, elle résonne seule, et ne ressemble à aucune autre. Ni littéraire, ni scientifique, elle résiste à toute définition d’un style de pensée déterminé. Wittgenstein, qui reconstruit l’image de Platon à la mesure de sa philosophie des jeux de langage, en vient à s’en démarquer résolument. Mais tout en étant sa cible, le platonisme le hante comme une pensée dont la philosophie ne peut se détacher sans disparaître. Le présent ouvrage explore cette tension très vive.

Professeure émérite de philosophie à l’université Paris 8, Antonia Soulez a travaillé en philosophie ancienne puis sur la philosophie contemporaine du langage. Elle a publié des travaux dans les deux champs, sur la grammaire philosophique chez Platon, sur le Cercle de Vienne et Wittgenstein. Elle poursuit des travaux par une investigation sur philosophie, langage et musique. Elle est aussi poète.

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dimanche 30 novembre 2025

Thémistios : Discours XX-XXV. Discours personnels (éds. Jacques Schamp et Omer Ballériaux)

 Les Belles lettres - Novembre 2025


Après trois volumes axés sur la « politique », les discours « particuliers » font connaître plus intimement l’orateur-philosophe païen Thémistios, grâce à l’oraison funèbre de son père Eugénios et de son attachement au néoplatonisme (XX) ou à travers la polémique contemporaine (XXI : Expert ou Philosophe – XXIII : Sophiste), quoique la philosophie spéculative n’ait pas ici perdu ses droits (XXII : De l’amitié), ni la rhétorique (XXV : Sur l’improvisation) ou la critique littéraire (XXIV : Exhortation à se tourner vers la philosophie). La prose demeure subtile, bien qu’un peu moins tendue que dans les tomes précédents, et la traduction, assortie d’un commentaire détaillé, a essayé d’en exprimer toutes les nuances.

Issu d’une famille où se pratiquait une variante de platonisme, Thémistios réussit à allier dans sa personne la rhétorique et la philosophie, pratiquée sous la forme de paraphrases à des traités d’Aristote conservés en grec (Physique, Analytiques seconds et De l’âme). Les témoignages contemporains montrent qu’il fut une sorte de vedette autant de l’enseignement que de l’éloquence. Grâce à sa maîtrise des codes du langage, il parvint à se maintenir dans l’entourage de tous les empereurs chrétiens, de Constance II à Théodose et sous le règne de ce dernier, il exerça même la fonction de préfet de la Ville de Constantinople.

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Jean-Marie Schaeffer : Mythologies web. Moteurs de recherche, réseaux sociaux et intelligence artificielle

 Gallimard - Décembre 2025 - Tracts



« Étrangement, les sociétés démocratiques n’opposent qu’une résistance timide à ces menaces, alors que c’est leur survie qui est en jeu. » — Jean-Marie Schaeffer
Le Web, au gré de ses trois principales évolutions (des sites et moteurs de recherche aux chatbots de l’Intelligence artificielle, en passant par les réseaux sociaux), a eu de plus en plus tendance à devenir le propre de la communication individuelle et collective. Instance de validation des informations et de formation des croyances, agent supplétif de connaissance et de création, il infléchit la dynamique même de l’expression et de la cristallisation des identités humaines.
Au sens où le concevait Roland Barthes, et où le reprend ici Jean-Marie Schaeffer, il nous impose ses « mythologies », comme s’il s’agissait de nous immuniser contre l’épreuve du réel. Nous commençons à en payer le prix. Il est sans doute temps de nous réveiller... en commençant par dire ce que nous sommes et ce que le Web – et l’IA en particulier–n’est pas ni ne sera probablement jamais.

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Philippe Forget : La rencontre historique entre Gadamer et Derrida (1981) et au-delà. Avoir raison (de l'herméneutique)

 PU de Rennes - Novembre 2015


En avril 1981, Philippe Forget organisait à l’Institut Goethe de Paris une rencontre qui donnait à Hans-Georg Gadamer et Jacques Derrida l’occasion de faire connaissance. Ce livre est d’abord le récit détaillé, fondé sur les archives entièrement inédites conservées par l’auteur, de la préparation, du déroulement et des suites de ces échanges. Il compare ensuite la manière dont Gadamer et Derrida lisent respectivement Mörike et Baudelaire, et tous deux Celan, pour montrer que leur rencontre fut bel et bien « historique », puisqu’elle n’engage pas moins que notre « tradition philosophique dans son ensemble ».
L’ouvrage constitue donc une intervention profondément originale dans le champ de la philosophie contemporaine puisqu’il rouvre sur de toutes nouvelles bases le problème des rapports entre herméneutique et déconstruction, et tout indique qu’il est appelé à faire référence sur cette question. Il ne manquera pas de s’imposer comme un texte de premier plan dans les débats portant sur les rapports entre littérature et philosophie, sans parler de la contribution qu’il apporte à tout un pan de la philosophie contemporaine du langage.

Germaniste, traducteur et philosophe, Philippe Forget (1953-2021) a enseigné l'allemand au lycée Louis-le-Grand pendant plus de vingt ans. Directeur de la collection « Langue et civilisation germaniques » (Dunod, puis A. Colin), il est l'auteur d'études consacrées à de nombreux écrivains de langue allemande, ainsi que d'ouvrages où les problèmes du lire et du traduire sont centraux. Il a lui-même retraduit le Werther de Goethe, sous le tire Les Passions du jeune Werther.

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Hudson Moura : L'image-exil. L'expérience du déplacement au cinéma d’après Gilles Deleuze et Maurice Blanchot

 Septentrion - Novembre 2025


Ce livre propose une lecture originale du déplacement à l'écran, où mémoire, altérité et devenir de l’image s’entrelacent pour renouveler notre regard sur le monde contemporain.

Comment représenter une expérience qui échappe au langage ? L'exil, vécu comme déracinement et déplacement, trouve au cinéma un espace de réinvention formelle et sensorielle. L’Image-exil explore les puissances de l’image cinématographique à révéler cette expérience-limite. Ce concept – Image-exil – au croisement du visible et de l’absence, permet de renouveler notre regard sur la représentation du déplacement, de la mémoire et de l’altérité. Issu de recherches menées sur plusieurs années, ce livre interroge les devenirs de l’image à travers quatre réalisateurs majeurs du cinéma mondial : Walter Salles, Andreï Tarkovski, Glauber Rocha et Wim Wenders. En dialogue avec les pensées de Gilles Deleuze, Maurice Blanchot, Henri Bergson, Giorgio Agamben et Walter Benjamin, il propose une lecture inédite du cinéma comme médium de l’exil et offre les moyens de penser l’image au prisme de la condition contemporaine du déplacement.

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Les Cahiers philosophiques de Strasbourg n°58/2025 : Lou Andreas-Salomé, une philosophie du féminin

 PU de Strasbourg - Novembre 2025


Lou Andreas-Salomé a constamment été reléguée au rang d’inspiratrice, d’amante, voire de disciple de grands hommes qu’elle a pu côtoyer, tels que Nietzsche, Rilke ou encore Freud. Pourtant, elle n’a eu de cesse d’exercer sa liberté, tant en théorie dans ses écrits qu’en pratique dans sa vie. Son geste, peu connu pour lui-même aujourd’hui, relève d’une philosophie du féminin qui se déploie à travers une œuvre structurée conceptuellement autour de la quête nostalgique de l’origine.
Cette approche unifiée repose sur une multitude de disciplines, comme la théologie, la littérature, l’art et la psychanalyse, et tend à revaloriser singulièrement le féminin, ainsi que les femmes, sans rejeter radicalement le cadre social normatif en vigueur au tournant du siècle européen. La penseuse participe ainsi de la modernité sans jamais s’y fondre complètement : si la subversion du féminin est sensible dans son œuvre, elle demeure drapée de nuances sous une plume cosmopolite, sinueuse et poétique.

Sommaire

Dossier : Lou Andreas-Salomé, une philosophie du féminin
Lou Salomé, une philosophie du féminin – Ondine Arnould et Emmanuel Salanskis
Lou Andreas-Salomé : pionnière de la modernité – Cornelia Pechota
Lou Andreas-Salomé, une discipline, une continuatrice de Friedrich Nietzsche ? – Scarlett Marton
Lou Andreas-Salomé et Anna Freud : une amitié philosophique ? – Arthur Hanoun
Lou Andreas-Salomé et le monde des livres pour enfants – Britta Benert
Entre écriture de l’origine et création de soi. Lou Andreas-Salomé et la part du féminin – Isabelle Mons
Prélude à une réception en devenir des œuvres de Lou Andreas-Salomé, entre multiplicité et unité – Aurélie Pourrez
L’Un et le Tout saloméens, ou l’intuition philosophique d’un même idéal humain – Ondine Arnould
Commentaire introductif de Formes fondamentales de l’art de Lou Andreas-Salomé – Ondine Arnould
Traduction
Traduction de « Formes fondamentales de l’art. Une étude psychologique » (1898) – Lou Andreas-Salomé
Varia
Respect rawlsien et théories de la reconnaissance : une même idée de la justice ? – Thomas Michiels

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vendredi 28 novembre 2025

Revue de Métaphysique et de Morale N° 4, novembre 2025 : Notions communes

PUF - Décembre 2025



La question des « notions commune » à l'âge classique est rarement étudiée pour elle-même ; elle est le plus souvent reconduite aux nombreuses controverses sur les idées innées tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, ou bien encore au problème de l'axiomatique et de la mathématisation de la logique aux XVIe et XVIIe siècles. Ce dossier, coordonné par Mogens Lærke et Louis Rouquayrol, aborde la question différemment en prenant pour fil conducteur les pratiques du savoir dans la première modernité.

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Alison Bouffet, Théophile Lavault, Hervé Nicolle, Pauline Vermeren (dir.) : Terrains philosophiques, terrains politiques. Approches critiques du pouvoir et des dominations

 E.U.D. - Décembre 2025 - Philosophe de terrain


Cet ouvrage explore une démarche originale : celle des « terrains philosophiques ». Plutôt que de concevoir la philosophie comme une activité purement spéculative, les auteurs et autrices revendiquent un ancrage dans des pratiques situées (observation, immersion, entretiens, archives) pour repenser les rapports de pouvoir et de domination. Ce faisant, l’ouvrage propose une pluralité de méthodologies, souvent issues du croisement entre philosophie et sciences sociales, qui déplacent la posture du philosophe et enrichissent la critique sociale. Le « terrain philosophique » n’est pas une méthode figée mais un espace de frottement entre savoirs, un décentrement qui invite à repenser la philosophie politique à partir des expériences vécues et des inégalités concrètes, tout en prenant en compte la situation et l’affectivité des chercheurs et chercheuses en philosophie.

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Grégory Abrassart : Futur antérieur. Tome 1 La temporalité du sujet connecté

 L'Harmattan - Décembre 2025


Au cours du dernier demi-siècle, le développement sans précédent des moyens de communication et d’échange d’informations aux quatre coins de la planète s’est accompagné de modifications profondes de l’espace et du temps vécus chez le sujet connecté.
Les événements du monde lui parvenant sans retard et à toute heure, jusqu’à dépasser ses capacités de réception, un décalage ne cesse de croître entre sa vitesse et celle du monde, lui inspirant la crainte d’être en retard sur le monde et le souci de prendre de l’avance sur lui.
Subissant ainsi une alternance de retard et d’avance, bipolaire, le sujet connecté anticipe l’avenir comme un temps déjà vécu et non créateur. Il anticipe la future rétrospection de son passé : ce qu’il aura été. Dès lors, le rapport à l’avenir du sujet connecté ne s’exprime plus au futur simple, mais au futur antérieur. Le futur antérieur est ainsi le cadre préréflexif, dépendant de la quantité d’informations transitant par le sujet connecté, parcourant le temps comme il parcourrait un espace.

Grégory Abrassart est enseignant, agrégé de philosophie, titulaire de masters en psychologie clinique. Compositeur et musicien, il est également auteur ou co-auteur, sous divers pseudonymes, de dix-huit CD, tous publiés par le label Atypeek.

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Monica Gorza : L'autobiographie à l'épreuve de la confession. Penser avec Paul Ricoeur

 Hermann - Décembre 2025


La philosophie a longtemps ignoré l’autobiographie. Paul Ricœur vient rompre ce silence.
Que révèle le geste de se raconter ? Que signifie donner voix à son passé, à ses doutes, à ses aveux ? Que se joue-t-il, pour la pensée, dans l’acte de confession ?
Cet ouvrage retrace la généalogie et les métamorphoses de l’autobiographie avant d’interroger le concept de confession à la croisée de perspectives théologiques, littéraires et philosophiques. C’est dans cet entrelacs que Ricœur inscrit sa réflexion originale sur la narration de soi. En traversant les frontières mouvantes entre autobiographie et confession, autoportrait et examen de conscience, le philosophe explore les multiples figures de la confession dans les champs psychanalytique, juridique et religieux – autant de lieux où l’humain cherche à se dire.
Mais peut-on toujours rendre compte, par les mots, de l’expérience vécue ? Que devient le récit lorsque la souffrance en efface la trace ? Est-il encore possible, alors, de témoigner de la singularité d'une vie ?
Ce livre revisite l’œuvre ricœurienne à la lumière de voix contemporaines – Jean-Luc Nancy, Jacques Derrida, Michaël Levinas et Danielle Cohen-Levinas – pour interroger ce que signifie, aujourd’hui, raconter et se raconter, témoigner d’une existence – d’un nom – à chaque fois unique.

Monica Gorza est docteure en philosophie (université Sorbonne Paris IV), spécialiste de Paul Ricœur.

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Susan Neiman : Penser le mal. Une autre histoire de la philosophie (poche)

 Premier parallèle - Décembre 2025


Un monde dans lequel des innocents souffrent peut-il avoir un sens ? Si la question du mal est éminemment philosophique, c'est qu'elle n'est pas seulement morale : elle interroge l'intelligibilité du monde. S'intéresser aux réponses qui y ont été apportées par les philosophes, c'est comprendre intimement leur manière de voir le monde, en écho à celle de leur époque. C'est aussi saisir que nous sommes toujours pris dans des carrefours de postulats qui nous dépassent.
Lorsqu'en 1755 Lisbonne est détruite par un tremblement de terre, l'événement provoque une onde de choc parmi les philosophes européens. Ce que l'on qualifierait aujourd'hui de catastrophe naturelle est considéré comme l'incarnation du mal. Deux siècles plus tard, la découverte des camps de la mort nazis agit comme une dévastation conceptuelle : la plupart des philosophes s'accordent à dire que nous manquons de ressources pour aller au-delà du témoignage. De " mal naturel ", le mal est devenu " mal moral " ; une bascule a eu lieu. Penser le mal fait le récit de cette bascule.
Pour Susan Neiman, la philosophie n'est pas affaire de spécialistes ; elle doit poser des questions universellement partagées. En retraçant la manière dont les philosophes modernes – depuis Bayle et Voltaire jusqu'à Arendt et Rawls, en passant par Hegel et Nietzsche – ont répondu à ces questions, elle retourne aux racines du questionnement et de l'émerveillement philosophiques. Et nous offre une œuvre extrêmement originale et généreuse.

Philosophe, Susan Neiman a d'abord enseigné à l'université de Yale, puis à Tel Aviv, avant de s'installer à Berlin, où elle dirige le prestigieux Einstein Forum. On lui doit de nombreux essais de philosophie, traduits dans le monde entier. Elle a récemment publié Grandir. Éloge de l'âge adule à une épouqe qui nous infantilise (Premier Parallèle, 2021), très remarqué.

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