Pour l’écologue, la canopée désigne la couverture végétale qui déploie, en ses cimes, autant d’explorations aériennes, de branches qui sont comme des branchies. Quant à elle, la mythopée sera cette épaisseur feuilletée d’images qui fait la vie d’une culture, vivante d’expériences enracinées et de joies aériennes, d’ancrages et d’aspirations.
Ces mythopées sont, leur nom l’indique, un clin d’œil à ce que Roland Barthes avait pu appeler Mythologies. Miniatures philosophiques, concentrés poétiques, elles tentent de rendre ce milieu sensible grâce auquel une subjectivité s’individue, par lequel un collectif prend consistance, insiste et résiste. Qu’on ne se méprenne donc pas. On ne se contente pas ici de déployer un décor pittoresque sur le fond duquel s’agitent les existences. On épèle le cadre d’interprétation grâce auquel nos aspirations se précisent en s’y confrontant. S’y dessine le genre d’homme ou de femme que nous cherchons à promouvoir. Assumant une poétique de l’action, ces mythopées rendent alors la texture d’un monde dont nous sommes issus, moins pour gémir du monde qui va que pour épeler les horizons d’attente d’un monde qui vient. Il y a là un défi en somme : penser, sans système, à la hauteur de notre époque sans être dans le mépris qui ignore et la méprise qui adule.
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