L’inégalité économique est souvent considérée comme le problème social principal des sociétés contemporaines. Pourtant, peu nombreux sont ceux qui affirmeraient que l’inégalité soit pire que la pauvreté. Les pauvres souffrent parce qu’ils n’ont pas assez – et non pas parce que les autres ont plus qu’eux, ou trop. Comment se fait-il alors que beaucoup de contemporains se préoccupent davantage de l’inégalité que de la pauvreté ? Selon Harry Frankfurt, ce sont surtout les idées fausses sur la justice sociale qui nourrissent la pensée égalitariste. Nous avons une obligation morale d’abolir la pauvreté. Par contre, la réduction des inégalités ne peut être une finalité en soi. Ceux qui le pensent s’aveuglent face aux nécessités requises pour que chacun puisse mener une vie décente et être respecté par autrui. La stratégie de l’égalitarisme est défendable seulement si elle est un moyen adéquat pour promouvoir autre chose que l’égalité. Quand l’abolition de la pauvreté est visée, l’égalitarisme n’est pas automatiquement requis. Par ses arguments, Frankfurt remet en question de nombreuses idées reçues sur le rapport entre le confort matériel et une vie satisfaisante. S’il nous invite à revoir nos priorités, ce n’est pas un appel à l’indifférence, mais au contraire un plaidoyer pour un engagement social sensé.
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