Robert Misrahi ne se veut pas musicologue, mais simple auditeur de Mozart. Il présente, sur son œuvre trois idées : on devrait dissocier la musique et les textes (livrets ou liturgies diverses) ; Mozart décrit des affects essentiels indépendants des circonstances ; et enfin tout l’œuvre Mozart peut valoir comme la joie et l’accomplissement d’un Eden. Implicitement, Robert Misrahi. relie cette œuvre à ses propres travaux sur le bonheur.
Tout en présentant une hypothèse originale sur la signification de la musique de Mozart, Robert Misrahi ne manque jamais de rendre hommage au grand musicologue et spécialiste de Mozart, Jean-Victor Hocquard et, comme celui-ci le fait parfois, il offre à ses lecteurs un travail non de musicologue, mais de simple auditeur, passionné de Mozart.
Selon Misrahi, pour comprendre et apprécier Mozart en profondeur il convient de dissocier la musique proprement dite de Mozart et les textes écrits qu’elle serait censée illustrer. Aussi bien les livrets d’Opéras que les textes liturgiques ou maçonniques ne sont liés à la musique que par convention et d’une manière contingente.
Ce premier pas permet à l’auteur de définir une compréhension intuitive de la musique, et de mettre en évidence le fait que le but et l’objet de la musique mozartienne sont bien des affects, mais considérés dans leur essence la plus générale, indépendamment des circonstances anecdotiques que les textes prétendent circonscrire. Le « Incarnatus est » exprime la force, la tendresse et la joie bouleversée de tout amour, indépendamment de tout texte liturgique. De même, Robert Misrahi donne des exemples de quelques « affects essentiels » : l’enthousiasme, l’angoisse, le proche et le lointain, l’adoration, la joie même, fondamentale, omniprésente.
Enfin l’auteur dégage une sorte d’itinéraire existentiel, indépendant de la chronologie des œuvres, mais non pas de leur sens. Elles disent toutes et la joie de la perfection musicale, et la joie finale de l’accomplissement. Cette joie du grand Désir accompli est le sens même de l’œuvre de Mozart.
Si cet Eden existe quelque part, c’est dans et par la perfection réelle et sensible de l’œuvre Mozart.
Robert Misrahi, philosophe, est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, notamment Intensités. Lumières sur les petits bonheurs de la vie quotidienne et des loisirs (Le Bord de L’eau, 2016), Ma Philosophie (Le Bord de l’eau, 2018). Il est aussi un grand spécialiste de Spinoza.
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