Michel Erman s'interroge sur la liberté dans le monde contemporain : aujourd'hui Vladimir Nabokov pourrait-il publier Lolita ? Serge Gainsbourg chanter avec sa fille Lemon incest ? Pierre Desproges balancer sur les ondes des propos ironiquement sacrilèges ? Il est sérieusement permis d'en douter !
En apparence, nous aimons la liberté, particulièrement en France, mais nous la délaissons en nous laissant souvent enfermer dans des carcans.
Nous avons sans doute l'impression de mener notre vie comme nous l'entendons et de poursuivre des buts rationnels mais ne serions-nous pas sous la dépendance de nouveaux pouvoirs qui se sont installés sans que l'on s'en rende compte et qui nous poussent à une forme de servitude volontaire ? Selon moi, on en dénombre quatre : le contrôle de la parole dans l'espace public et son influence sur les mœurs (qu'il ne s'agit plus de libérer comme en 68 !), l'emprise des big data à l'ère digitale (instrument de sécurisation mais aussi de contrôle), le nouveau pouvoir de la science sur les corps, ses réalités et ses fantasmes (le transhumanisme) et, enfin, les accès de religiosité qui ont tendance à substituer les inclinations théologiques au droit. Devant ces quatre pouvoirs nous abdiquons souvent notre conscience, c'est-à-dire notre liberté de jugement, au profit de ces directeurs de conscience que sont le conformisme et le besoin de croire. Or la liberté ne s'use que si l'on n'en sert pas...
Écrivain et philosophe, professeur à l'université de Bourgogne, Michel Erman est l'auteur d'essais portant sur les passions ( Le lien d'amitié et Au bout de la colère, chez Plon). C'est aussi un spécialiste de Marcel Proust, auquel il a consacré plusieurs ouvrages.
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