Les Belles lettres - Octobre 2020
"Relirais-je tout Platon, pour me permettre d’en parler ? Je n’ai plus guère les yeux, ni la patience, ni peut-être le temps. J’ajoute que je n’en éprouve pas la nécessité. Je n’ai jamais prétendu tout savoir de Platon, je n’ai pas tout lu, les Lois, le Parménide aussi, me sont tombés des mains. Mais ce que j’ai lu je l’ai bien lu, comme on fait forcément quand on doit expliquer à d’autres, dont l’attention critique est impitoyable, et qu’on ne saurait payer d’à peu près. Simples angles, pour entrer dans la citadelle par des accès qui parlent. Je n’ai jamais pratiqué un enseignement savant, j’ai essayé de pratiquer un enseignement stimulant. À chacun ensuite de se trouver en lui-même, des raisons, des façons d’aller plus loin. Dans sa propre voie. Sinon, n’est-ce pas, l’acte d’écrire n’irait pas plus loin que ce qu’on a mis sur le papier. D’autres le font beaucoup, et sont définitifs ou rien. Je ne peux pas. J’ai trop longtemps été oral, et seulement oral. Trop longtemps j’ai eu en face de moi cette chose incomparable : des jeunes gens qui écoutent avec leurs yeux, des yeux qui écoutent." AT
Né à Smyrne en 1930, André Tubeuf entre à l’ENS (Ulm) en 1950. Agrégé de Philosophie en 1954, il occupe son premier poste à Nancy, au Lycée Henri Poincaré puis au lycée Fustel de Coulanges à Strasbourg où il enseigne jusqu’en 1992. Ses derniers livres en date sont : le Dictionnaire amoureux de la Musique (2012) ; Je crois entendre encore (2013) ; Hommages (2014) ; Adolf Busch, le premier des Justes (2015) et Bach ou le meilleur des mondes (2017, Prix de la Critique de l’Académie Française pour l’ensemble de son œuvre).
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