Pourquoi revenir à Norbert Elias, alors que son œuvre est désormais canonisée et que le sociologue allemand est inscrit au panthéon des sciences sociales, aux côtés d’Émile Durkheim, de Max Weber, de Talcott Parsons ou de Pierre Bourdieu ? Parce que cette reprise s’impose aujourd’hui comme une nécessité. Celle-ci tient, simultanément, à l’état de la discussion académique actuelle au sein des sciences sociales et à l’état des sociétés politiques dans lesquelles nous vivons. Les deux sont, pour Norbert Elias, inextricablement liés. Ce volume est consacré à l’explicitation de ce nouage auquel sa sociologie apporte une contribution inégalée. Celle-ci ne s’éclaire que si l’on consent à admettre que Norbert Elias effectue le geste sociologique, dans son intégralité, tel qu’il a été conçu et forgé par les fondateurs de la discipline. Et ce geste suppose de replonger les outils conceptuels de la sociologie dans le cadre ample de ce qu’Elias nomme le problème général de l’évolution historique. Trop souvent parcellisée, parfois malmenée, son œuvre nous offre pourtant des ressources indispensables pour fonder le travail sociologique dans l’objectivité des mécanismes qui travaillent nos sociétés modernes et dans la normativité sociale sous-jacente à l’activité qu’elle génère en s’imposant tel un espace de contraintes et d’opportunités. C’est alors que la sociologie de Norbert Elias se fait politique, science des dynamiques socio-politiques et levier d’émancipation, indissociablement.
Avec la traduction, inédite en français, de deux textes de Norbert Elias : "Die Vertreibung der Hugenotten aus Frankreich" ("L'expulsion des Huguenots de France", 1935) et "On the Sociogenesis of Sociology" ("Sur la sociogenèse de la sociologie", 1962). Commentés respectivement par Danny Trom (LIER-FYT) et Jean-Philippe Heurtin (IEP de Strasbourg).
Ainsi que des textes de Pierre-Henri Castel (LIER-FYT) : "Informalisation et vie psychique" ; Mischa Dekker (LIER-FYT) : "Informalisation et individualisation des démarches éducatives sur le harcèlement de rue" ; Florence Delmotte (Université Saint-Louis) : "Identité(s), identification, habitus"; Michael Dunning (University of Leicester) : "Saisir ensemble psychogenèse et sociogenèse"; Bruno Karsenti (LIER-FYT) : "Pour une sociologie comparée des processus de nationalisation" ; Anne Lafont (CRAL) : "L'Afrique, pierre d'achoppement de la théorie des processus de civilisation ?" ; Cyril Lemieux (LIER-FYT) : "L'évolutionnisme méthodologique de Norbert Elias" ; Théo Leschevin (LIER-FYT) : "La réflexivité entravée des protestants et catholiques de Belfast quant à leurs interdépendances" ; Dominique Linhardt (LIER-FYT) : "A propos de la violence des modernes" et Aleksandr Lutsenko (Collège universitaire français de Moscou) : "Une société de cour dans la Russie contemporaine?".
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