Trop souvent, on traite la jalousie et l'envie comme si elles étaient interchangeables. Rien n'est plus faux. Ce livre part de la théorie du désir mimétique de René Girard : le sujet envie le modèle qui a éveillé en lui le désir pour un objet que pourtant ce modèle se réserve. Il n'y a pas de désir sans rivalité ni de rivalité sans désir. Or cette théorie échoue à rendre compte de la jalousie. Elucider cet obstacle conduit à mettre en question le caractère universel du désir mimétique. Celui-ci prend au départ la forme d'un triangle : le sujet, le modèle et l'objet. La jalousie relève d'une tout autre géométrie : le sujet souffre d'être exclu d'un monde qu'il voit se clore sur lui-même. Dans la jalousie amoureuse, ce monde est formé par l'étreinte des deux amants. Don Giovanni n'imite ni n'envie le paysan Masetto, qu'il méprise. Mais il ne peut supporter le cercle amoureux qu'il forme avec Zerlina. Son désir commence par la jalousie. Celle-ci est, comme chez Proust, antérieure au désir. Nourri de littérature, de philosophie et d'expériences personnelles, ce livre débouche sur une théorie générale de la jalousie, cette souffrance tenue pour élément indépassable de la condition humaine. Une postface d'Olivier Rey met cette théorie à l'épreuve de la psychanalyse.
Philosophe, Jean-Pierre Dupuy est professeur émérite à l'Ecole Polytechnique et professeur titulaire à l'université Stanford (Californie). Il est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages dont Petite Métaphysique des tsunamis (Seuil, 2005, Points, 2014) et L'Avenir de l'économie. Sortir de l'économystification (Flammarion, 2012).
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