Foucault (1926-1984) et Wittgenstein (1889-1951) appartiennent, selon une présentation courante, à deux traditions de pensée différentes, pour ne pas dire rivales, dont chacun serait en quelque sorte une figure tutélaire. Au-delà des oppositions des philosophies continentale et analytique, tous deux partagent pourtant un fond commun : une critique radicale de la notion classique de subjectivité, une façon spécifique de concevoir et de pratiquer la philosophie comme manière d'être et de vivre. Tous deux, en philosophant, engagent un discours critique et un exercice de transformation de soi-même, des autres et du monde. Cet ouvrage ne cherche nullement à réconcilier deux traditions adverses. Nul oecuménisme ici, mais plutôt la volonté de faire ressurgir des problèmes dont la force et l'insistance se jouent des clivages institués : le rapport à soi, la conscience et ses illusions, le rapport entre le " je " et le " nous ". Une telle confrontation possède la vertu d'arracher ces deux auteurs au statut de doctrines instituées et figées et de susciter de nouvelles interrogations à propos d'oeuvres prétendument connues et reconnues. Un questionnement contemporain.
Pascale Gillot est maître de conférences au département de philosophie de l'Université de Tours. Ses travaux portent sur les modèles de l'esprit et de la subjectivité, de la philosophie moderne à la philosophie contemporaine. Citons parmi ses ouvrages Althusser et la psychanalyse (2009). Daniele Lorenzini, qui enseigne l'éthique à la Faculté de Médecine de l'Université Paris-Est Créteil, a établi l'édition critique de Foucault, L'origine de l'herméneutique de soi (2013), Qu'est-ce que la critique ? suivi de La culture de soi (2015).
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