Vrin - Novembre 2021
Le cynisme est un mouvement philosophique qui s’est développé en Grèce à partir du IVe siècle av. J.-C., principalement autour de la figure de Diogène de Sinope, le cynique par antonomase. Souvent perçu comme l’expression d’un naturalisme foncier, ce mouvement a même été défini comme un courant antiprométhéen qui a vu dans le feu civilisateur l’origine des malheurs et des vices des hommes. Forts de ce constat, les cyniques auraient donc proposé un retour à la nature ou une vie selon la nature – une vie kata phusin, pour le dire en grec –, inspirée par le modus vivendi de l’homme primitif et par l’exemple des animaux.
Le présent ouvrage soumet à l’épreuve des textes antiques cette interprétation d’ensemble largement répandue du cynisme. Contre l’idée d’une vie selon la nature, il avance l’hypothèse d’une vie selon la facilité comme axe majeur de la pensée cynique : plutôt qu’un naturalisme, la voie cynique constituerait au fond une forme radicale de pragmatisme au sein duquel les dichotomies constitutives de notre pensée – nomos-phusis au premier chef – tendent à se dissoudre en faveur d’une adaptation active aux circonstances. À l’appui de sa démonstration et en amont des textes normalement utilisés dans les études sur le cynisme, notamment les Vies de Diogène Laërce et les Lettres pseudépigraphes des cyniques, cette étude met à profit deux titres de la littérature antique que l’on ne prend pas toujours en considération dans les approches philosophiques de cette « école », à savoir le Discours VI de Dion Chrysostome et le petit dialogue Le cynique attribué à Lucien de Samosate.
Le lecteur trouvera dans ces pages une nouvelle fenêtre entrouverte sur ce phénomène complexe et paradoxal qu’a été le cynisme ancien, à travers laquelle il pourra découvrir que les cyniques, en déjouant les étiquettes d’un système binaire et au-delà de tout dogmatisme, ont appris à vivre une vie facile.
Olimar Flores-Júnior est professeur associé de langue et littérature grecques à la Faculté des Lettres de l’Université Fédérale de Minas Gerais (Belo Horizonte, Brésil).
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