L'Harmattan - Janvier 2024
Le blasphème n’a plus la même portée dans les sociétés modernes où la religion est souvent confinée à la sphère privée mais son étude, dans diverses traditions religieuses, nous apprend qu’il ne se réduit pas à proférer des injures en l’absence de la personne concernée, à savoir le divin.
Ce péché de langue a des dimensions sociales, voire politiques. La sécularisation et la cohabitation souvent ardue des religions amènent un déplacement épistémique du blasphème vers le discours de haine envers les adeptes d’une tradition. Ne pas injurier autrui en raison de ses croyances devient un instrument de cohésion sociale et une manière de cautionner l’autorité politique. Le bon usage de la langue n’est pas que bienséance ou étiquette, il a rapport avec l’impératif moral de respecter l’égale dignité de tout être humain.
Dès le Moyen-Âge chrétien, plusieurs théologiens articulent des principes éthiques autour de ce qu’ils appellent la garde de la langue. Cette éthique langagière nous plonge dans un univers qui dépasse la frontière du blasphème. Leur réflexion et la typologie des péchés de langue qu’ils présentent peuvent nous servir à mettre en lumière les normes à partir desquelles le discours de haine ou la culture du bannissement devraient s’apprécier.
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