PUF - Octobre 2024
Le projet d’œuvres produites par des machines circule depuis longtemps dans l’histoire culturelle — pensons aux trois automates d’art d’Henri-Louis Jaquet-Droz et Jean-Frédéric Leschot produits 1767 et 1774, la Musicienne, le Dessinateur et l’Écrivain, ou à la manière dont le rêve d’une littérature artificielle hante les écrivains depuis la « machine à écrire » du troisième Voyage de Gulliver de Swift (1721). Mais avec la naissance de la cybernétique puis de l’Intelligence Artificielle, les machines créatrices sont devenues des dispositifs réels, qui commencent à peupler nos musées et nos ventes aux enchères depuis le Portrait d’Edmond Belamy, réalisé par le collectif Obvious en 2018.
Que nous dit cette aspiration à dépasser l’humain de l’histoire de la littérature et de l’art ? Quelles en sont les sources et les jalons d’une telle aspiration, de l’influence de la cybernétique sur la French theory au posthumanisme contemporain ? À quoi bon vouloir voir avec les yeux de réseaux de neurones, faire produire des œuvres par des GAN (Generative Adversarial Network) et faire écrire par des LLM (Large Language Models) qui sont capables d’une étonnante réflexivité ? Comment la philosophie esthétique contemporaine se doit-elle de réagir face à de telles créations, qui remettent radicalement en question les concepts traditionnels d’originalité et d’auctorialité et l’ensemble des valeurs esthétiques anciennes centrées sur l’humain ? Comment analyser, attribuer, juger de telles œuvres qui nous font entrer dans ce que l’on a décrit comme « la vallée de l’étrangeté » (Masahiro Mori) ? Peut-on simplement les aimer et en être ému ? Quelles philosophies esthétiques et quelles théories littéraires peuvent accueillir et comprendre de telles innovations, quels aménagements ou quelles révolutions doivent s’opérer ?
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