Liber - Mai 2024
Traduit de l’italien par Jean-Luc Defromont
Après une longue période où la technique a joué le rôle d’instrument, nous nous trouvons aujourd’hui dans un système d’informations, d’algorithmes, de machines, d’IA et de réseaux si puissants que, après en avoir définiti- vement perdu le contrôle, c’est nous-mêmes qui dérivons d’eux. Nous sommes pris dans leurs rets. Happé par une spirale contagieuse, l’être humain devient à la fois chose, information, spectacle, marchandise, artiste et œuvre d’art. Il se défait de sa propre identité et se retrouve autre que soi. Nous voici comme autant de technomagiciens et de cobayes volontaires d’une expérimentation totalisante sur la vie à venir, en temps réel.
La technomagie élaborée sur Instagram, Tik Tok, Twitch, BeReal, Tinder ou OnlyFans, parmi les plis du capitalisme néolibéral, nous ensorcelle et nous vampirise. Dans le même temps, elle assemble des corps, aimante des émotions, réveille des passions archaïques et déclenche des visions futuristes. Ainsi, le paradigme de la connexion qui marque notre culture, dans toutes ses déclinaisons, ébauche une forme renouvelée de participation magique par laquelle, après des siècles de séparation, les humains redécouvrent leur accord profond, leur interdépendance et même leur étroite dépendance vis-à-vis de ce qui les entoure.
Vincenzo Susca est enseignant-chercheur en sociologie de l’imaginaire à l’université Paul-Valéry de Montpellier. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, parus aussi en italien, portugais et espagnol, consacrés à la culture numérique. Aux éditions Liber, il dirige la collection « L’imaginaire et le contemporain » et a publié Industrie culturelle et vie quotidienne (2021) et, avec Claudia Attimonelli, Pornoculture. Voyage au bout de la chair (2017) ; Black Mirror et l’aurore numérique (2020).
acheter ce livre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire