Les Belles Lettres - Mai 2024
Sont réunis ici trois textes de l’École des Noms, le Deng Xizi, le Yin Wenzi, et le Gongsun Longzi. Ils témoignent d’un moment critique de l’histoire de la pensée en Chine au temps des Royaumes Combattants (403-221 av. J.-C.), avant que le système des corrélations ne domine l’organisation du discours en Chine. Leur dialectique se règle sur le système de la prédication. Confucius avait fait de la rectitude des noms le principe premier du bon gouvernement, mais son idéal du roi nomothète, garant de cette rectitude, s’était perdu. D’où le succès de rhéteurs avides de dominer par leur usage captieux du langage. Contre cette éristique, devait se constituer une dialectique.
Le Deng Xizi distingue les deux pratiques : au « petit dialecticien », beau parleur sans foi ni loi, s’oppose le « grand dialecticien », qui appréhende les choses dans leur nature. Cette rectitude des noms commande à l’efficace des lois et à l’art de gouverner, au-delà même de la seule exigence morale. Le Yin Wenzi ajoute à cette analyse une dimension psychologique et humaine. Par le respect des catégories nominales, le prince éclairé cherche à rétablir l’accord entre ordre social et ordre naturel. Enfin, le Gongsun Longzi semble marquer l’aboutissement du projet de l’École des Noms. Choisissant la voie des paradoxes, exposés dans la forme du dialogue, il s’efforce de manifester toute la profondeur de la pensée de la désignation, elle-même au fondement de tout discours visant à saisir la forme de réalités toujours en devenir. Ces trois textes sont, pour la première fois en France, traduits ensemble et en entier.
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