La surprise est une question qui n’a guère sollicité l’attention des philosophes. Trop ordinaire, trop anecdotique. On découvre cependant qu’une foule d’auteurs issus de traditions philosophiques différentes s’y sont intéressés, qu’il s’agisse par exemple d’Aristote, de Descartes, de Smith, de Peirce, Dewey, Heidegger, Ricoeur ou Maldiney, sans compter certaines formules saisissantes de cognitivistes (Davidson, Dennett). Bref, il y a un problème de la surprise à construire, bien plus qu’un donné à constater ou une expérience à faire.
La question qui traverse dès lors les contributions du présent volume est celle-ci : que fait spécifiquement la surprise à la phénoménologie? Si la surprise ne saurait se confondre stricto sensu avec certains de ses voisins comme l’étonnement, l’événement ou l’altérité, si elle peut sembler tout d’abord épouser le mouvement même de l’apparaître, elle ne saurait se réduire à un instantané fugace et provisoire de notre vie subjective, à un choc qui équivaut dans l’esprit à un blanc d’antenne et dans le corps à un sursaut.
Micro-expérientielle, la surprise, prenant le sujet par derrière ou par-dessus, exerçant sur lui une emprise, émerge sur le fond de sa structure d’attente ouverte et implique sa résonance émotionnelle, c’est-à-dire plus que son simple « effet ». Au fond, il y va avec la surprise d’une dynamique qui engage un corps-à-corps différentiel avec l’intentionnalité elle-même.
Ont participé à ce volume : Ph. Cabestan, F. Dastur, N. Depraz, J. Farges, Th. Fuches, J.-L. Marion, Cl. Romano, E. de Saint Aubert et Cl. Serban
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