Repartir d'une lecture à nouveaux frais de la Métaphysique d'Aristote en essayant de prêter l'oreille à la manière dont elle parle en grec, tel est le projet de ce livre. Cela veut dire d'abord oublier ce qui nous a été transmis si longtemps dans le latin de la scolastique médiévale. C'est se donner la chance de rencontrer une pensée à même la langue. On comprend alors que le mot eidos ne peut pas se traduire par " idée " : il désigne avant tout le " visage " que quelque chose ou quelqu'un tourne vers nous, de même le mot theoria renvoie, lui aussi, à la vue d'un spectacle qui s'offre à nous. Si les fameuses " catégories " d'Aristote sont dépendantes des structures de
la langue grecque, ce n'est pas une limite : c'est une chance dont Aristote se saisit pour avancer dans la pensée de l'être.
Ce parcours au plus près de la langue ne se réduit pas à un monologue au sein de la seule parole occidentale mais s'ouvre à une confrontation entre la Grèce et la Chine sur les pas de François Jullien : comment entendre sans conflictualité un tel vis-à-vis entre une pensée non métaphysique du Grand Procès (Tao) ou de la " propension des choses ", et une histoire de la métaphysique dont Aristote est une prestigieuse entame et dont le philosophe sinologue voudrait nous délivrer ?
Bernard Sichère a enseigné la philosophie. Auteur de quelques romans et récits, il a retraduit la Métaphysique d'Aristote (1971). Il a participé durant plusieurs années, aux côtés de François Jullien, au " Cours de philosophie méthodique et populaire " à la Bibliothèque Nationale de France.
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